mercredi, août 02, 2006

Dommage

Dommage, je n'avais pas d'appareil photo numérique la dernière journée, qui était particulièrement claire et ensoleillée. Je suis allé au phare de la péninsule de la tête de chouette et de là, on voyait toute la baie Penobscot, Vinal Haven, le parc Acadia à Bar Harbor, dont à partir des sommets, par une journée claire comme celle-là, on voit une mince ligne à l'horizon, dans la mer, à environ cent miles nautiques, qui se trouve à être la pointe Sud de la Nouvelle-Écosse... Un peu de plage, assez pour rougir, et tout l'après-midi j'ai eu droit à un spectacle aérien dans le ciel, des cabrioles de zéros japonais, des manoeuvres plus balourdes du beaucoup plus robuste F4U Corsair, des poursuites, des loops, vrilles, décorchages, de biplans et (ça j'avais jamais vu) de planeurs d'acrobatie... Ne manquait que Richie, l'incrédible pyro !

Puis le retour, exactement le même chemin qu'Arnold, qui était monté à Kébek à partir d'Augusta sous l'ordre de Franklin en 1775. Le peu de soldats qui se sont rendus vivants, épuisés, ont presque tous été capturés. Arnold a été promu Général, mais en 1779, il changeait son capot de bord et devenait informateur des Anglais... Donc l'histoire américaine n'en a pas gardé un souvenir très reluisant je pense bien. Bref : Augusta, la Wesserunset, la Kennebec, la Dead River vers le Nord-Ouest, la Carrabasset vers le Kennebago, où on croise et contourne le majestueux Sugarloaf (4237 pieds d'altitude) et ses voisines pas piquées des vers non plus. Puis une petite rivière qui coule jusqu'au Mégantic, que dis-je, une rivière, un gros ruisseau prétentieusement nommée : Rivière Arnold... En arrivant vers la frontière, tout juste avant de retrouver les routes vérrolées de trous bien de chez-nous, j'ai remarqué que le ciel se zébrait soudain : des traces d'avions dans toutes les directions comme des jeux de tic-tac-toe : corridor aérien. D'un coup, les arbres perdaient tous 50 pieds de hauteur et une centaine d'années, sinon deux siècles d'âge (plus un seul des majestueux pins blancs et rouges qui couvrent le Maine en entier); le 80 degrés Farenheit qui m'avait accompagné tout au long de la route s'est soudain métamorphosé en 50 F. Et je me suis mis à frissonner un peu et j'ai même donné un petit coup de chaufferette, comme une inquiétante prémonition d'hiver. L'été était terminé, c'était déjà août. On m'accueillait en français, dans ma langue, cordialement, sans révolver. J'étais de retour. Chez-nous.

* * *

Je n'avais à Paris qu'un seul couple d'amis véritables (Delphine et Thierry dans récit de voyage; Agnès et Rémi en réalité). Ils sont ici, à Québec, avec Guillaume, leur gamin. Ils m'avaient tellement bien accueilli, gâté, chouchouté... Ne pas leur rendre la pareille serait faire preuve d'une ingratitude qui me couvrirait de honte. J'espère que je vais pouvoir entrer en contact avec eux : ça va être leur fête !

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