- 2.0, vous êtes sûr ?
- Oui, mon Capitaine.
- Sûr sûr ?
- Oui oui, mon Capitaine.
- Sûr sûr sûr ?
- Oui oui oui, mon Capitaine; confirmé par Tchekov. Warp 2.0. Comme le Web 2.0, jadis.
- Comme le Web 2.0 ? Que voulez-vous dire, Spock ?... Ouuuuuuu, 2.0, c'est viiiiiiiiiiiiiiite en titi, Warp 2.0 ! J'adore ça, la vitesse... Les dérapages interstellaires contrôlés... Warp 2.0, y'a que ça de vrai !
- C'est très vite, Capitaine, en effet. C'est un peu comme un échange trans-intellectuel Brownien qui vibre de tout bord tout côté, tel le Web 2.0 autrefois.
- Hein ?...
- Je veux dire, Capitaine, c'est pour ça que les étoiles par le hublot, ce sont juste des lignes; plus des points de lumière. C'est la vitesse, l'accélération, mon Capitaine. On n'a plus le temps de regarder où ils sont qu'ils sont déjà rendus ailleurs, en transformation sous l'action soutenue de la variable temporelle. Comme jadis le discours et la pensée, au siècle du Web 2.0...
- Qu'insinuez-vous par là, Spock ?! Développez, je vous en prie.
- À vos ordres, mon Capitaine. Au début, certains éléments définis héritaient du privilège de produire une longueur d'onde lumineuse lambda en exposant leur pensée au moyens de livres (ou autres productions culturelles) et/ou du Web 1.0, une pensée qui se devait par définition d'être développée et séquentielle, et tous les autres adoptaient une position de spectateur et s'y référaient, beaucoup, à l'occasion ou pas du tout, comme des marins à autant d'étoiles dans la nuit obscure du monde pré-Web 2.0 ...
- Puis ?...
- Puis est apparu le blogue, première manifestation organique dont découla la blogosphérisation du discours réflexif. Une ouverture, un basculement vers l'émission à partir du pôle de la réception passive et massive. Plusieurs nouvelles étoiles ont jailli en d'innombrables explosions, vagues d'énergies parcourant cette nouvelle galaxie blogosphérique, émettant d'inédites fréquences mu, mais qu'on assimilait encore et toujours à de la pensée rectiligne, je veux dire à du discours ou du développement séquentiel de réflexions approfondies ou en processus de le devenir... Cette émission avait déjà une propriété de multiplicité générative et se modifiait par osmose collaborative.
- Poursuivez...
- Je signifie par là, mon Capitaine, qu'une démocratisation s'est opérée et une prise en charge de la réflexion collective fut entamée par le nombre, processus se déroulant sous une croissante accélération alpha. Et à cette accélération se greffa un phénomène de battement entre les différentes longueurs d'ondes lambda, ce qui généra un bruit parasitique, ténu au début, mais de plus en plus énorme par la suite, appelons-le epsilon, et qu'il fallu alors soustraire de la résultante en efficacité communicationnelle cet epsilon au contenu démultiplié.
- Et où est le problème ? Vous me semblez sérieusement de mauvais poil, aujourd'hui, Spock ! Quel est le rapport avec Warp 2.0 ?
- J'y arrive, mon Capitaine. Le problème, Capitaine, fut la poursuite de l'accélération, qui elle s'opéra selon une exponentielle pi. Ainsi, après atteinte d'un équilibre entre libre-expression, communication, réflexion et échanges trans-multi-dimensionnels-individualo-collectifs, pareil à ce qui se produit lors du dépassement de Warp 1.0, la courbe de la vitesse continua de se prononcer alors que celle du contenu ou de la réceptivité s'enfonça à vitesse omega vers un asymptote nul.
- Vous seriez pas un peu pessimiste, Spock ? Possible que vous ayez mal dormi à cause du changement d'heure ?... Je vous trouve un peu lourd, ce matin.
- Non mon Capitaine. Les faits historiques sont là et le prouvent. Après la courte ère du blogue, première phase pleine de promesses de l'ère Web 2.0, on passa à l'ère facebook, désespérante mutation dégénérative. S'ensuivit une désubstantialisation prononcée du discours en parallèle avec une propagation illimitée de la capacité d'émission. Ainsi, le pôle de l'écoute et de la réceptivité, tout comme celui de la réflexion et de l'échange, atteignit quasiment le zéro absolu. Chacun se mit à émettre copieusement du vide ou du bruit ou, au mieux du mieux, des jpegs, alors que les capacités de réception des variables intervenantes, soit la partie droite dans la formule de l'équation, atteignirent elles des valeurs-sommets delta avoisinant le zéro, mon Capitaine. Sur un axe à nombres réels, bien sûr.
- Spock, vous charriez, franchement ! Votre interprétation de l'histoire humaine est truffée d'invraisemblances et d'exagérations.
- Loin de moi l'idée de ne pas m'en tenir qu'aux faits, mon Capitaine. J'en veux pour preuve que l'ère sur laquelle déboucha facebook, déjà superlativement superficielle, se caractérisa par un hachurement encore plus prononcé du discours et de l'expression individuelle, à la grande satisfaction des instances dirigeantes de l'époque. On éclata davantage le discours, le morcelant jusqu'à le rendre à toute fin pratique inopérant, ce en le restreignant à un cadre fragmenté de 140 caractères ! On nomma ultérieurement ce morcellement discursif et cognitif : la twitterisation, d'après le nom du Docteur Twitt, bien entendu. Vous vous rendez compte, Capitaine, 140 caractères ?! C'est un peu comme si Monsieur Sulu n'avait qu'un joystick pour piloter l'Entreprise...
- Spock ! Je commence à perdre patience. Concluez, de grâce !
- Voilà, mon Capitaine. À postériori, on observe que le Web 2.0 déboucha sur une profonde désubstantialisation du processus et du résultat communicationnel gamma, comme je vous l'ai explosé plus tôt et que, même si une résultante de communication multidirectionnelle fut instaurée sous cette ère, elle ne tarda pas à se métamorphoser en bruit inaudible, je veux plutôt dire inintelligible, mon Capitaine, et que ce bruit assourdissant rô ne put guère être considéré comme une étape évolutive dans la courbe parabolique de la communication effective inter-individuelle ou intra-collective. Mon Capitaine, il y a l'absence de communication sans bruit et il y a l'absence de communication dans le bruit; et ça, des dirigeants de l'époque l'avaient bien compris ! Je veux dire : c'est un point de vue, mon Capitaine. Un point de vue défendable.
- Et tout ça pour me dire quoi, Spock, Nom de Nom !?! ...
- Euh... Je n'aime pas tellement quand on va à Warp 2.0, mon Capitaine... Cela vous dérangerait-il de ... ?
- Ah, Spock ! Vous êtes pénible avec vos superstitions d'Halloween, votre duowarpophobie et vos prises de tête continuelles... Soit ! Allez-y ! Descendez à la salle des machines et ordonnez à Scottie de revenir à Warp 1.0... ou, non, mieux : de passer prestement à Warp 3.0 !... Et qu'on ne me parle plus de Warp 2.0 de toute la journée, compris ?! C'est un ordre !
- Oui, mon Capitaine.
- Ah !... Et Spock. Je veux que vous ayez quelques entretiens suivis avec le docteur McCoy.
- Des entretiens, Capitaine ?... À quel sujet ?
- Au sujet de votre enfance, de votre mère, votre père... et tutti quanti. Vous verrez, McCoy dirigera la discussion.
- Est-ce vraiment nécessaire, Capitaine ?
- J'insiste, Spock.
- À vos ordre, Capitaine.
- Ah !... Et Spock. En remontant, ramenez-moi donc un café, vous voulez bien ?
- Oui, Capitaine.
dimanche, novembre 01, 2009
- Vitesse Warp 2.0, mon Capitaine !
Publié par Coyote inquiet à 10:05 a.m.
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