Quand je me suis décidé à rejoindre le bar après que la serveuse m'y ait invité hier soir et que je l'ai vu, c'est avec une légère apréhension que je me me suis finalement assis à ses côtés, puisqu'il ne restait plus qu'un siège de libre. Les bras tout tatoués, chignon, piercings et Boucles d'oreilles "fuckées", je me suis dit "Ouf ! le p'tit gars y doit s'être envoyé quelques injections d'héro dans les veines entre ses cours au choix à l'université de la vie..." Le genre guitariste fini ou punk recyclé.
Eh bien non mes p'tits drouggies. Que les apparences peuvent vous entourlouper !... Post-doc en études latines (langue morte qu'il parle couramment malgré la rareté des occasions, avec le thaï, l'anglais, l'allemand, l'espagnol, mets-en !...), il revenait d'une année d'étude à Paris, précédée d'une à Londres, suivie d'un p'tit tour en Inde et en Thaïlande, mets-en !...
On a parlé de tous ces racoins de boule bleue qu'on a eu la chance de voir et de cet élargissement des perspectives qu'ils vous laissent en héritage, comme des babioles d'Acapulco ou des porte-clefs Tour Eiffel. On a parlé des émerveillements, mais aussi des outrages ou des incompréhensions profondes qui parfois plaquent vos journées en terre étrangère comme des Goliath de ligne. On a parlé aussi du retour, quand après un long séjour tu reviens et te sens un peu déphasé en écoutant une pub de retraite Desjardins. On a parlé Bouddha, qu'il croisait tous les jours en Thaïlande et du Nirvana qu'il a trouvé dans les yeux d'une fille. On a parlé Inde et cette façon de conduire en Asie avec la mort comme copilote - même elle sans ceinture de sécurité. Et de nos casques à vélo et de nos tremblements occidentaux à vivre, par crainte de l'inévitable fin. On a parlé de ces soupers à quinze en Europe, quand quinze nationalités, quinze langues prouvent qu'on peut s'entendre et trinquer à la bonne volonté, la lumière dans les yeux et ce sentiment qu'on est tous de très rapprochés voisins. On a parlé tonkinoises et codes sociaux, castes et poulet Tandoori. Évidemment, on a aussi parlé bière et poutine Ashton !
Ce matin, je sais pas pourquoi, mais j'ai une saveur d'Asie dans le nez et on dirait que ma boussole pointe Est, comme si le vent faisait fasceiller ce foc blanc qui pendait comme un drap de noces, calme comme un écran à diapos. Ce matin, je suis allé farfouiller dans mes photos... Alaska et Yukon, Europe, US, Australie... Ce matin, je ressens un curieux appel de voiles, comme si Jean-Sèb avait détaché l'amarre de la poupe.
- Hé, les apparences - allez donc vous faire foutre !
samedi, mai 13, 2006
Ô trompeuses apparences...
Publié par Coyote inquiet à 2:08 p.m.
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4 commentaires:
Euh... C'est presque gênant. Merci bien.
Mezzant ! Et vlan dans les dents !
Je n'ai pas autant bougé que vous deux, mais ta note réveille en moi la nostalgie de la Thaïlande où j'ai voyagé il y a 3 ans. Un beau pays et, surtout, des gens merveilleux, toujours souriants.
Merci. (et c'est vrai que c'est bien écrit, en plus!)
Euh, moi j n'ai jamais bougé de ma chaise... Je m'amuse à apprendre les salutations d'usages dans plusieurs langues afin de nourrir mon environnement d'exotisme...
Merci Coyote de m'avoir ajouté dans tes liens!
Ciao!!!
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