jeudi, mars 03, 2005

Le gros érable de deux cent ans... (ou délire éthanolique - Part I)

J'arrive du Café des Artistes où j'ai pris deux bières avec Lièvre avenant, comme vous qui êtes en train d'en prendre huit au Boudder.com... ;o) Bref, tout ça pour dire qu'il m'a parlé de David Suzuki et de l'engagement de sa vie envers l'écologie, la planète, la continuité de l'aventure humaine... Ça m'a fait pensé à samedi, juste avant de foutre le camp pour Montréal, j'ai aidé la mère de Renarde timide à rentrer du bois. Puis j'ai vu un arbre, un érable couché dont le diamètre m'arrivait jusqu'à la taille, soit 40 pouces de diam. environ, près de 200 pouces de criconférence... Vous n'en avez probablement jamais vu des comme ça, sauf dans le Maine, dans un parc de Montréal ou en Europe. Monsieur St-Denis m'a avoué qu'il l'a coupé parce que son temps était fait, que l'intérieur commençait à pourir. C'était vrai, le bois était coti au centre.

Voilà mon point. En tous cas celui sur lequel on a discuté Lièvre et moi. Après avoir décroché nos mâchoires devant cette majestée étendue de tout son long, on est allé voir la souche un peu plus haut sur la terre. Il y avait avec nous un spécialiste de foresterie qui travaille avec mon frangin. C'est le doigt sur les cercles concentriques qu'il m'a appris qqchose dont je n'avais nulle idée. Depuis quinze vingt ans, les arbres ne poussent plus. Enfin, si peu, en comparaison de ce qu'ils poussaient quelques années auparavant. Cernes à l'appui. En bon écologiste, j'ai aussitôt rétorqué :

- Ben c'est sûr ! C'est normal ! C'est la pollution, le réchauffement, les gaz à effet de serre, les pluies acides, la destruction systématique de l'environnement sur laquelle s'appuie notre économie aveugle...

- Ouais ? Ben regarde ici... Pis r'garde plus loin dans le temps encore...

C'est là que je suis vraiment resté perplexe. Y'avait pas tant de pollution dans ce temps-là, si on se mettait à compter les cernes... Je dirais même qu'il n'y en avait pas encore par ici, dans la Petite-Nation. Donc le phénomène est récurrent, occasionnel... Épisodique. Ç'a bouleversé mes conceptions arrêtées et ça m'a questionné, ce qui est toujours une bonne chose. Puis j'ai repensé à mes amis de Betsiamites, mes amis Innus, à leurs légendes ou "prophéties" où l'homme blanc reviendra à genoux, presque, leur demander comment il faut vivre.

Je me suis dis... Supposons que ce ne soit pas en corrélation directe avec l'activité du soleil, l'émission de vents solaires ou même en rapport apparent avec quelque autre phénomène naturel circonstanciel... Je me suis juste dit, parce que j'ai beau être plutôt porté vers les arts, la création, les élucubrations et les phantaisies de l'esprit, faut quand même conserver un minimum de rigueur, de logique... Je me suis juste dit, avec tout l'esprit critique que ma formation scientifique m'a inculqué... Que SI ! Et c'est seulement une hypothèse. Mais même là, l'esprit scientifique se doit de les envisager... SI ! comme ils le conçoivent, la Terre, la Terre-Mère comme ils l'appellent, était une entité en elle-même, un corps vivant ? (Je sais, très Gaïa et new age, tout ça...) Peut-être pas pensante, mais qui réagirait à tout le moins à ce qui se passe à sa surface - à TOUS les niveaux... comme chaque corps, chaque individu réagit aux virus, aux agressions, au stress, aux traumatismes... Et si les périodes de baisse de biomasse correspondaient aux grands bouleversements qui se déroulent à sa surface, à des bouleversements historiques ? La deuxième grande guerre... La première... Etc. Quelle étrange corrélation ou coincidence ce serait, non ?... Nos bons vieux Indiens, qu'on regarde souvent de haut et qu'on trouve secrètement pitoyablement inadaptés... Je veux dire leur refus de collaborer avec une société que les plus sages de leurs traditons sauraient aller dans une direction sans-issue prendrait un tout autre sens, non ? Un peu comme dans nos vies, où la sagesse ne peut que combattre la bêtise et la folie qu'en restant elle-même...

Anyway, petite pensée comme ça qui m'a traversé l'esprit comme ça... On a la science, la tech., la rationnalité, la logique d'un côté; on a le rêve, les arts, l'intuition, la sensibilité et le coeur de l'autre. À quand l'interface du centre pour mieux aborder le réel peut-être ?...

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