LA DIRECTION :
Mardi 11 mars 2008
LA VIOLENCE ET L'INTIMIDATION NE SONT PAS TOLÉRÉES À L'UQAM
Au cours des dernières semaines, l'UQAM a connu une recrudescence d'actes incompatibles avec la vie académique et intolérables dans une société respectueuse des droits des personnes. Pour bien sensibiliser la communauté universitaire à une grave détérioration de la situation et pour bien expliquer pourquoi des sanctions ont été prises à l'égard d'étudiants, les événements suivants sont cités :
Le mercredi 13 février, des manifestants massés devant l'entrée des locaux du Service des communications, au pavillon Judith-Jasmin, ont fracassé la porte vitrée après être entrés, avoir crié des insultes au personnel et rudoyé une personne qui en sortait.
Le mercredi 27 février, des étudiants ont manifesté bruyamment (avec tam-tams), devant les bureaux des services à la vie étudiante au pavillon DeSève, empêchant le personnel de travailler de 8h à 10h30. Au cours de cet incident, un ascenseur a été rendu inutilisable, le mobilier d'une salle d'attente a été dispersé partout sur l'étage et un paravent brisé. Les épisodes d'intimidation devant les bureaux des SVE au 2e étage du DS sont très fréquents. Une secrétaire ne peut plus travailler sans que son bureau soit gardé par un agent de sécurité.
Mardi le 4 mars dernier, des manifestants ont occupé le rez-de-chaussée du pavillon Athanase-David de 8h à 14h empêchant les personnes d'accéder à leur lieu de travail et de vaquer à leurs occupations. Les discussions pour faire cesser cette occupation n'ayant donné aucun résultat, l'Université a dû faire intervenir les forces policières vers 13h45. Toujours le 4 mars, une quinzaine d'étudiants ont occupé les locaux du Département de sociologie forçant la fermeture des lieux et obligeant le personnel à rentrer à la maison.
Le mercredi 5 mars, une manifestation d'étudiants, en soirée, a cherché à empêcher la tenue d'une réunion du Comité d'intervention où trois étudiants avaient été convoqués. Les membres de ce comité ont été emprisonnés dans le local d'entrevue jusqu'à l'arrivée des forces policières. Par la suite les étudiants ont poursuivi le doyen des Sciences humaines, M. Robert Proulx, jusqu'à ses bureaux à la Faculté, ont frappé violemment à plusieurs reprises dans les portes pour intimider le personnel et emprisonner à nouveau des membres du personnel de la Faculté et le doyen dans le local du décanat.
Le jeudi 6 mars, une autre manifestation visait également à perturber les travaux du Comité d'intervention où cette fois, une étudiante avait été convoquée pour s'expliquer de ses actes. À nouveau, les membres du Comité ont été emprisonnés dans le local.
L'Université ne peut tolérer ces actes d'intimidation et de «séquestration» et demande aux étudiants de mettre fin immédiatement à ces comportements irrespectueux envers le personnel et l'institution universitaire.
Rappelons que les droits et libertés de la personne sont inséparables des droits et libertés d'autrui et du bien-être général.
La Direction
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Mardi 18 mars 2008
LA COURS SUPÉRIEURE ÉMET UNE ORDONNANCE D'INJONCTION PROVISOIRE JUSQU'AU 27 MARS 2008
À la suite de la requête déposée par l’Université du Québec à Montréal (UQAM) à la Cour supérieure pour l’émission d’une injonction provisoire, interlocutoire et permanente, l’Honorable juge Paul Chaput a prononcé une ordonnance d’injonction provisoire ordonnant à l’Association étudiante sectorielle des sciences humaines, à l’Association facultaire étudiantes des lettres langues et communications, à l’Association facultaire des étudiants en arts, à l’Association étudiante du module de science politique et tous les membres de l’exécutif de ces associations, tous leurs officiers, leurs employés et leurs membres, ainsi qu’à toute personne quelle qu’elle soit ayant connaissance de l’ordonnance :
a) de ne pas gêner ou empêcher l’accès et la sortie par quelque moyen aux pavillons et résidences de l’UQAM par tout étudiant, professeur, chargé de cours, professionnel, visiteur, administrateur, fournisseur, locataire, personnel administratif, et d’une façon générale, à toute personne en relation d’affaires avec l’UQAM ainsi qu’au public en général;
b) de cesser immédiatement toute forme d’obstruction que ce soit à l’intérieur ou dans le voisinage immédiat de tous les pavillons et résidences de l’UQAM, occupés par elle ou par ses locataires, des chemins et terrains menant aux stationnements, garages, bureaux, établissements, pavillons, bâtisses, salle de cours, laboratoire ou autres installations occupés par l’Université ou par ses locataires;
c) de s’abstenir d’intimider, de menacer, d’importuner, de molester les employés, professeurs, chargés de cours, cadres, administrateurs, fournisseurs, locataires, personnels administratifs, les officiers et représentants de l’UQAM ainsi que toute autre personne voulant entrer ou sortir des pavillons et résidences occupés par l’Université et ses locataires;
d) de s’abstenir d’inciter, de quelque façon que ce soit, toute personne, à commettre les actes mentionnés aux paragraphes a), b) et c) ci-dessus et de les soutenir, les encourager ou les appuyer;
e) de communiquer la teneur de l’ordonnance d’injonction provisoire aux membres des associations concernées, ainsi qu’à toute personne agissant pour elles.
L’Honorable juge Paul Chaput a ordonné aux associations concernées, à leurs membres, leurs représentants, leurs officiers et à toute autre personne agissant sous leurs instructions, direction, contrôle ou participant à leurs activités, de cesser immédiatement, aux accès, aux sorties et à l’intérieur des pavillons et résidences de l’UQAM toute réunion visant à y perturber de quelque façon que ce soit les activités de l’Université, de ses cadres, administrateurs, professeurs, chargés de cours et employés et de s’en abstenir à l’avenir.
L’ordonnance d’injonction provisoire est en vigueur jusqu’au 27 mars 2008 à 17 heures. L’Honorable juge Paul Chaput en ordonne l’exécution provisoire, nonobstant appel.
La Direction
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Opinion - le devoir
Libre opinion – Une injonction inacceptable
Collectif de professeurs de l'UQAM,
Édition du lundi 17 mars 2008
Mots clés : plan de redressement, UQAM, Grève, Université, Québec (province)
Depuis plusieurs semaines, des associations étudiantes de l'UQAM sont en grève et pratiquent diverses formes d'actions militantes pour exprimer leur inquiétude devant la crise financière que traverse l'université et les dérives qu'impliquerait la mise en oeuvre d'un plan de redressement irréaliste.
Dans un coup de force sans précédent, l'UQAM a obtenu, vendredi dernier, un jugement de la Cour supérieure du Québec qui ordonne «aux membres des associations [étudiantes] défenderesses, à leurs représentants, officiers et à toute autre personne agissant ou non sous leurs instructions, direction, contrôle et participant ou non à leurs activités de cesser immédiatement tout attroupement ou manifestation aux accès, sorties et à l'intérieur des pavillons et résidences [...] et dans un rayon de 100 mètres de ceux-ci».
Cette ordonnance est la version temporaire d'une injonction demandée par l'UQAM. L'injonction est assortie d'une peine constituée d'une amende de 50 000 $ avec ou sans emprisonnement jusqu'à un an pour qui la transgresserait. Elle fait suite à de très nombreuses interventions du Service de police de la Ville de Montréal, dont les agents ont régulièrement investi l'établissement d'enseignement depuis quelques semaines.
L'épisode de l'îlôt Voyageur, les dérives immobilières, la réalité d'un sous-financement général de l'institution et maintenant le dépôt d'un plan de redressement génèrent une profonde inquiétude au sein de la communauté uqamienne, minent son esprit collectif et provoquent même un sentiment de panique. Cela semble servir de justification pour réprimer le mouvement étudiant, associé par certains à de la violence et à de l'intimidation.
Pour d'autres, dont des signataires de cette lettre qui soulignent n'avoir été la cible d'aucune contrainte ou intimidation, les mobilisations étudiantes ressemblent dans l'ensemble à celles qu'a connues l'UQAM dans le passé, avec leurs débordements occasionnels. Ce qui est nouveau, toutefois, c'est le choix de l'institution d'y répondre par la répression. On ne réglera pas les problèmes auxquels fait face notre université en marquant les esprits d'un tel précédent. L'enjeu dépasse la simple crise que traverse actuellement l'UQAM, l'injonction préparée par la direction de l'UQAM et imposée par l'ordonnance remet en question la légitimité même de l'action politique étudiante et de la vie politique universitaire. Son ampleur porte atteinte aux droits de la liberté d'expression et de manifestation que nous chérissons.
Nous considérons que cette injonction constitue une réaction tout à fait excessive à l'égard des faits et gestes reprochés aux mouvements étudiants. Nous considérons qu'il s'agit d'un déni du droit et de la liberté pour le corps étudiant de se constituer en acteur politique, redevable devant ses instances décisionnelles légitimes, que ce soit les assemblées délibératives ou les processus référendaires. Nous considérons enfin que le choix d'avoir recours à une injonction constitue un élément perturbateur qui entrave l'exercice normal de l'enseignement. Or nous ne voulons pas être associés à une campagne d'intimidation, ni devoir forcer des piquets de grève.
Nous ne débattrons pas ici des revendications et de la pertinence de la grève actuelle. Mais nous croyons que l'option de la répression judiciaire est révélatrice d'un échec collectif. Nous déplorons que notre institution participe d'une dynamique sociale plus vaste de gouvernance par décrets et de criminalisation du militantisme et des mouvements sociaux.
L'UQAM est bien connue pour être un terreau très fertile pour le militantisme étudiant. Selon nous, il s'agit là non pas d'une faiblesse, mais d'une force pour notre institution et pour la société québécoise, même si cela implique parfois une certaine effervescence. Le mouvement étudiant est un acteur des plus importants pour la société québécoise. L'approche répressive privilégiée en ce moment par notre institution constitue un déni de l'autonomie décisionnelle légitime des instances que se sont données depuis plus de trente ans les étudiants universitaires et remet en question plus largement la légitimité des formes de représentation dont se dotent les corps constitutifs de l'université, qu'ils soient étudiants, enseignants, employés ou autres.
Ce coup de force lance un message sans équivoque de fermeture de leur espace d'action, d'expression et de manifestation. Plus largement, il porte atteinte à la liberté politique qui caractérise l'université depuis qu'elle existe dans le monde occidental. En cela, cette décision fait passer la démocratie au bilan des pertes de l'UQAM... alors même qu'aucun de ceux qui sont à l'origine des graves difficultés dans lesquelles se débattent notre université et ses étudiants n'a subi la moindre sanction: deux poids, deux mesures?
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Ont signé ce texte les professeurs de l'UQAM suivants: Normand Baillargeon (sciences de l'éducation), Luc Bonenfant (études littéraires), Francis Dupuis-Déri (science politique), Jean-François Hamel (études littéraires), David Mandel (science politique), Jacques Pelletier (études littéraires et président du SPUQ de 2003 à 2006), Éric Pineault (sociologie), George Lebel (sciences juridiques), Marc-André Gagnon, (sciences économiques), Sid Ahmed Soussi (sociologie), Ellen Jacobs, (histoire), Marcelo Otero (sociologie), René Lapierre (études littéraires), Jean-Marie Fecteau (histoire).
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Morale de cette histoire : ce qui était cool en '70 ne l'est plus.
mardi, mars 18, 2008
Chicane dans la cabane
Publié par
Coyote inquiet
à
8:45 p.m.
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