Le karatt a fait du bien, quoique pratiquer une heure tout seul dans un coin de gymnase et passer deux heures dans un dojo avec des meilleurs que soi, c'est deux. En passant, c'est vrai que la mémoire est une faculté qui oublie; et pis quand on ne progresse pas, dans ces histoires-là, ben c'est pas long qu'on régresse. Fuck, j'ai tout oublié ! Des grands pans de kata désintégrés, volatilisés de mon esprit. Pas fort.
J'ai préparé de la morue au citron-lime à mon hôte, qui est aussi mon ancien boss. En savourant mon souper, je me demandais s'il en restera encore dans dix ans. Paraît qu'elle s'asphyxie...
Un de mes emplois fut de faire partie d'un équipage scientifique qui patrouillait dans le Golfe St-Laurent et le Détroit de Cabot (?). On travaillait justement sur la morue. On en pêchait des tonnes et des tonnes - en plus de tous les poissons de fond, qu'on relâchait, plus ou moins vivants. Une baudroie m'avait même mordu jusqu'au sang, je m'en souviens. Elle avait carrément sauté sur mon doigt, que je plaçais à qqs cm devant elle en guise d'appât, pour faire rigoler le matelot avec qui je faisais mon quart. C'est lui qui rigola du p'tit biologiste Québécois, finalement. Anyway, on en attrapait, de la morue. eT quand je dis morue, je parle de vraie morue ! C'était des poissons-léopards de quatre cinq pieds de long. Qu'on avait peine à tenir dans nos bras; ou pas trop longtemps. On les étiquettait, d'ailleurs. Puis on les relâchait à l'eau. Pêches et Océan vérifiaient, surveillaient, géraient les stocks du haut de leur minstérielle expertise... Ç'a bien fonctionné, leur histoire. Quinze ans plus tard, moratoire général. La morue est presque éteinte. Oups ! Ç'a repeuplé un peu, les p'tites bestioles, mais tout juste. Assez pour qu'on en bouffe encore un peu, mais aucune garantie de perennité à cette courbe plus essoufflée qu'ascendante. Justement, paraîtrait qu'elle ferait de l'asthme, comme je disais plus tôt.
En tous cas c'est bon. Dire qu'il s'agissait du poisson le plus commun, sur lequel on levait le nez, rechignait... Beuark, de la... morue ! Comme de l'huile de foie de... morue ! Et c'est un délice. Un délice qui se tient - pas comme l'Aiglefin ou la sole de fond ou je ne me souviens plus quel autre qui se désintègre dans une simple noix de beurre, qui passe dès qu'on le dévisage plus d'une seconde à l'état liquide ou boueux. De la bouillasse blanche à saveur de mer. Non. La morue se tient. Debout. Avec son oeil fier et intelligent... (euh, non, là, faudrait pas charier non plus...) Je disais ? Ah oui, la morue se tient. Ferme. Parfaitement chewinante après un court bain dans le beurre citron-lime. Un régal. Avec un peu de sel de mer, pour lui rappeler de bons souvenirs d'enfance, lorsqu'elle barbottait dans les grands bancs, et quelques grains de poivre rose, pour lui rappeller que si la vie était toujours rose, elle aurait pas fini dans mon assiette....
Anyway.
Hier, quand je suis arrivé pour travailler. Mes craines se sont réalisées. S'il y a une auto, une personne, que je n'avais pas envie de recroiser ici dans la Petite-Nation, c'est bien elle. Mais comme dans les mauvais films ou scénarios tirés par les cheveux, une des premières voitures à côté de laquelle j'ai dû me stationner en faisant la tournée de mes écoles, fut la sienne. Le coeur a pompé un peu, sur le coup. Curieusement, ça m'a libéré aussitôt. Le pire était fait - sa présence dans le coin re-soulignée au feutre rouge, l'écho des douleurs à nouveau sur la langue, toute cette année tordue, de coeur torturé en pleine face... Finalement, ça n'a pas trop duré, comme un orage d'été. Heureusement. Le soleil est revenu - la raison. Une certaine joie de vivre, libre, même seul. De poursuivre son chemin au-delà de l'accident de parcours, du mauvais événement. De ne plus se sentir détruit par son rejet, diminué. Au contraire, voir les choses sous un angle neuf, et se dire que finalement, on mérite peut-être mieux - ou en tous cas fort différent : un être capable de sentiments authentiques, de sentiments tout court. Se dire que, si elle agit comme ça tous azimuts, c'est peut-être un beau gros problème qui vient de m'effleurer, veinard que je suis, dans lequel j'aurais pu m'enliser beaucoup plus creux; et que, par ailleurs, ça ne doit pas être si rigolo de vivre tous les jours dans cette peau-là, sur une pareille planète de glace, voire de calculs frigorifiés.
Bon ben, c'est ça. Bonsoir.
Ah oui, j'ai découvert Loutre mon amie (un seul mot, et sur blogspot), une autre égotiste totémiste. Belle prose transparente. Si on comparait Ann Archet à une Beethoven du blogue, l'autre serait davantage dans la lignée Mozartienne.
Oups, le téléjournal !
mardi, janvier 17, 2006
Euuuuuuh, rien de spécial
Publié par
Coyote inquiet
à
8:58 p.m.
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