Jour 2

Ben non, pas le jour 2 sans alcool, quand même. Surtout qu'hier soir, on s'est comme enfargé dans le tapis du Boudoir une fois de plus. Pas tellement surprenant quand on donne rendez-vous à Porc-épic, Aigle perdu et Harfang à un cinq à sept... Ce fut agréable. Fait du bien de revoir son monde, surtout que c'est sur le point de repartir, ces globe-trotteurs-là ! Cuba, Bretagne, New-York. D'ailleurs c'est conclu : Harfang accepte qu'on aille crècher dans son apparte du Soho quelques temps... Yé ! Je vais rater une pareille occasion ?! Depuis le temps que je veux revoir le Gugenheim, le Met, la Bethselda, etc. On tentera d'être tranquilles, histoire de pas trop booster l'économie américaine. Ben oui, quoi : Ronald n'en est pas encore à retirer les graines de sésame de ses p'tits pains...

Non, c'est le jour deux de l'errance. Coyote errant. Pas si désagréable jusqu'à présent. Pas vraiment sur le trottoir non plus Je dirais que c'est une errance ouattée; rien à voir avec celle de Carcajou quand il sautait de wagon en wagon de marchandises et traversait son fameux "CAAAAnada" jusqu'au Yukon. Ça c'est du Kérouac, mon Carcajou ! D'ailleurs j'ai toujours admiré ce courage qui frise l'inconscience. Faut dire qu'il était jeune. Et si je me souviens bien, jeune, je ne suis pas certain qu'on ait encore tout à fait réalisé les dangers de l'existence... bof, anyway, comme disait l'autre : no one gets out of here alive !

Vu les blogueurs hier soir aussi : Lagreff, Galad, Mathilde, Souris. Mais j'étais trop paf pour avoir une conversation digne de ce nom, donc je suis rapidement retourné émettre des grognements inintelligibles avec ma gang d'hommes des cavernes.

Ça fait tout drôle de revenir à Montréal... Mais ce n,est plus la Montréal exhubérante de septembre; c'est une Montréal de fin novembre, un peu mélancolique. D'ailleurs les gens m'apparaissaient légèrement tristounnets... Neurasthénie de 2005 ? L'économie, la grisaille, la routine qui écrase, le secret de Polichinelle de l'hiver, des élections dans notre bas de Noël (c'est pas se faire passer un sapin de Noël, ça ?...) ?... Bref, Montréal entre en dormance, frileuse et humide, dépouillée de son estivale parure féminine... C'est la vie.

En sortant, on avait les "muchies" : Tampopo, fermé; Mont-Royal Hod-Dog, fermé... Bon, reste le Rapido. La dernière valeur sûre de l'ère classique du Délicatessen ! Avec la légendaire Carmen et tout et tout... Ben même ce bastion, ce château-fort de la poutine, ce temple de pizza et du verre d'eau, ben je ne l'ai plus reconnu en ouvrant la porte d'un réflexe distrait... Ils l'ont transformé en station orbitale, en salle d'attente pour vol vers Mars ! Et je n'ai vue Carmen nulle part pour piloter cet étrange astronef. Les temps changent. La vie change. Le rigide et le dur casse comme la dent alors que la langue ne se romp pas, hein Confucius (Lao Tseu) ? Ça me rend confus parfois, cette perpétuelle métamorphose vers le clinquant. J'ai pas vraiment de dent contre l'argent (surtout comparé à autrefois), mais je me questionne sur la planche aux couleurs criardes avec laquelle on surfe toujours dessus. Anyway, chacun trouve la beauté où il la voit. Moi je la préférais dans la spontanéïté de Carmen et la cuirette kitsch de leurs inconfortables bancs que dans le néo-chrome chirurgical que j'ai cru voir avant de prestemment tourner les talons.

On est allés en face. La poutine italienne était tout aussi bonne.

À la table d'à côté, au Boud, y'avait deux petites Parisiennes, chiantes évidemment; à la suivante, 4 autres Français... C'est-tu un peu comme les body-snatchers, les Français ? C'est une invasion, un débarquement ?... C'est quoi la passe ? St-Pierre, Miquelon... et Mont-Royal ? (Bof, en autant qu'ils ne viennent pas tous de Paris !...) N'empêche, il a bien changé, le Platôô. Je le préférais avant. Avant la "gentrification". Du temps qu'il avait encore son âme...

Bon ben, histoire de poursuivre dans le Politically correct, je vais me taire, tiens.