Mais je rêve ou il est sans fin cet été ? Encore ce matin, on nageait Carcajou, Porc-Épic et moi dans le St-François entre deux réparations sur nos autos et après bien sûr la délicieuse omelette aux chanterelles qu'on s'est tapé pour se remettre de notre spectacle de Jim Zellers à St-Fortunat. Fait chaud comme au début d'août ! L'eau est un peu plus fraîche, mais bon, y'a plus de frappe-à-bords ! Les berges sont ensanglantées comme tous les flancs pansés d'érables de la Beauce depuis le premier des octobres américains. On s'est rendu au milieu du lac en jouant les life-guard australiens avec nos planches à voile sans voiles. Une bonne heure à l'aller seulement. Enfin, ç'a paru une heure à mes pauvres épaules... D'un côté, à l'autre bout du lac, on voyait le Morne St-Sébastien, le Ste-Cécile et le Mont Mégantic, d'un autre, l'Addstock, d'un autre encore, le Ham, puis en se retournant, on apercevait le plaisir de vivre, tout simplement, dansant éblouissement sur les vagues du présent, de saisir à grandes pelletés d'eau glacée la richesse de la liberté, tel un avare qui saisirait une chute de poudre d'or en grimaçant d'extase. Les huards nous relançaient leur wou-uuuuuuuuu et leurs woui-woui-woui-woui-woui-uuuuu, persuadés qu'on repartait finalement vers la berge suite à leur intimidation verbale. De retour, Carcajou nous attendait, bière à la main. Car comme dit Carcajou :
- L'important, dans 'a vie, c'est d'avoir "in drink"... mais criss ! vous étiez donc ben loins ! J'ai eu de la misère à vous voir avec mes 16 X 50 ! Une 'tite bière ?...
- Bof, ok. Une fois n'est pas coutume...
Au pesstak de Zellers le samedi, on a revu René, Ocelot souriant, pcqu'il est moitié Mexicano, moitié Beauceron, mais curieusement, le plus tranquille de la gang, soit pcqu'il l'a toujours été, soit pcqu'il est maintenant un sage papa, et avec qui on vivait à l'époque sur Bourbonnière, quand on tirait de la .22 dans les annuaires avec Pompom-Pascal et un autre René, celui-ci Cri du Nord Manitoba... Avec Porc-Épic, on était une belle gang d'animaux en cage !... bref, revoir un vieux copain, son sourire inchangé, la même lumière dans les yeux, qui te parle de son enfant, de sa petite fille comme un arbre parle d'une de ses branches, et qui a tout compris de la vie, d'instinct, au fil de jobs à la chop, de voyages autour du monde ou de silences sur la galerie alors que tu te cassais inutilement le crâne sur les arrêtes de mille théories obscures... de le revoir inchangé et invieilli, et qui t'enseigne d'une poignée de main rieuse à faire confiance à la vie, à sourire à tous les présents, à ployer comme le bananier sous l'ouragan peut-être, mais pour mieux verdir et croître le lendemain... Je me disais : "quand même chanceux d'avoir l'amitié dans ' vie". C'est pas rien. Ou si c'est un prix de consolation, c'en est un crisse de pas pire !
Anyway, Zellers nous a donné un show terrible. J'ai adoré ça. Ce que ce gars-là tire de mélodies et de rythmes avec une musique à bouche ! Bordel, sidérant. Le plus drôle, à part Carcajou qui n'a pas cessé toute la veillée de faire le pitre, comme d'habitude, et de prêcher le fédéralisme aux foules sobres et incultes à grandes envolées lyriques et machouilleuses, pour ne pas dire brouteuses, c'est que je connaissais très bien le batteur, avec qui j'ai travaillé sur quelques contrats à Montréal. Parlant de Montréal, je vous ai promis un petite quelque chose là-dessus, non ? Ça viendra, c'est juste qu'un ailleurs s'est imprimé sur l'impression. Pour séparer les feuilles gondolées de pluie, faut dabord laisser sécher.
Tiens, tant qu'à être dans les aphorismes, les maximes ou les tralala de courte durée, j'en ai médité un ces temps-ci : je suis arrivé à la conclusion que même grinçant, vallait mieux être le premier violon de sa vie plutôt que le plus virtuose des sous-fifres de celles des autres. Ça semble banal, mais je vous jure, c'est facile à oublier en cours de route.
On est donc revenu à la tanière de Carcajou, Ocelot le sobre au volant, les autres tentant de trouver des yeux brillants d'orignal ou de chevreuil ou quelque ovni perdu, on en a débouchés quelques dernières sur la grève, comptant les filantes dans le ciel, comptant les filles dans nos têtes, dénombrant celles qui embrasent parfois le coeur comme l'atmosphère, les météores de nos errances, on s'est fait un feu, on a répondu aux huards chiffrant les échos, l'aube est apparue, puis l'aurore. On s'est obstiné sur lequel précède l'autre, mais peu a importé à la lumière, qui a pris son quart, ponctuelle, imperturbable. On a calé notre dernière gorgée, puis on est allés se coucher.
Ocelot a raison. La vie suit son cours. Faut juste apprendre à la laisser faire.
lundi, octobre 03, 2005
Été, prise deux !
Publié par Coyote inquiet à 9:49 p.m.
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1 commentaire:
Toi quand tu te décides à écrire... T'as des bouts vraioemnt pas mal...
Gros paresseux và....
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