Carbure aux drogues dures...
J'ai tout essayé. J'avais onze ans quand j'ai volé comme Arsène Lupin ma première cigarette à un cousin lointain direct sous ses yeux. Mon pote Jean Rodrigue et moi on n'a même pas pu la fumer au complet tellement elle dégoulinait de bave après trois poffes. Pcshitt. Bof, pas si l'fun. On passe à autre chose : le pot. Du bon gros kèb de l'époque, qui vous faisait rire une demi-heure puis vous en endormait quatre. Puis le colombien; non, l'Acapulco gold. En fait c'était les bines qui étaient d'un beau jaune doré... Deux piasse pour un mini feu d'artifice au bout des lèvres. Pif, paf, puf. Ç'a prit quelque temps à ce rythme avant de ressentir un effet autre que le placebo ou l'enthousiasme d'un enfant qui allume un pétard rouge. On essaye le ciche, le "H" ? T,es pas game ? Ben oui que je suis game de succomber à la peer pressure; j'suis un ado, quand même ! Quelques boulettes craseuses plus petites que des crottes de nez dans une cigarette, ma deuxième. Cette fois j'ai senti l'effet. De la nicotine. Beuuuuuuuuuuurk un peu partout ! Dehors, dans les corridors... Les autres aux yeux rouges trouvaient que je vivais un drôle de trip, un trip très drôle à leur point de vue, même. Tu ne peux qu'acquiescer quand t'es le p'tit nerd qui a sauté des années et qui se retrouve avec des presque barbus qui ont deux fois ton poids et ta taille. Je suis retourné en classe en me promettant de ne jamais reprendre de drogue. Mais j'avais quand même répondu correctement aux questions de l'Abbé Zorzo si je me souviens bien.
J'ai tenu ma promesse, mais pas longtemps. T'es pas un homme tant que t'as pas déboulé une pente de cent cinquante pieds à 45 degrés complètement saoul un soir de Noël du campeur ! Ben je suis un homme maintenant. Je l'étais moins les deux jours suivants que ça m,a pris avant de ne pas vômir une simple tasse de thé que m'amenait avec attention ma mère. Quand même moins pire que mon frérot, qui lui est devenu un homme qqs années plus tard dans une prison de la garde de Bonhomme Carnaval...
Puis y'en a eu d'autres, et d'autres, des expériences intérieures... Parlant de Bonhomme !... Un symbole, un guide, un gourou dans ma croissance personnelle. Catellier m'a fait gober du hasch dans un inoffensif café - là j'ai senti qqchose quand je tirais mes premières balles de neige à mon nouveau mentor ! Quelques semaines plus tard, en mars, des mushs - là j'ai senti quelquelquelquelquelquelquelquelque chose ! J'ouvrais les sentiers en raquettes la nuit et il paraît que je parlais aux cèdres de la Beauce. Richard prétendait même avoir entendu une réponse lui aussi. Sacré Rich ! 'Tait aussi gelé que moi faut crère !
Y'a Roberto qui est arrivé au solstice en me disant : "gobe ça, le surveillant de piscine!" C'était du gawa et un demi-buvard... On est descendu à Kébek.
- T'en fais pas; on va r'venir d'bonne heure !
Chaque fois qu'y'avait un rempart ou une porte de pierre, faillait que je grimpe dessus et que je me promène comme un chat à un faux-pas de la mort alores que lui se tordait de rire sur l'herbe fraîche d'une chaude nuit de juin. (C,est comme à l'Université, quand j'ai tout lâché pour le rêve farfelu de "devenir écrivain"... Quel idiot ! Plus suicidaire que tout autre chose - surtout lettré.) En équilibre trop longtemps sur un pied, une jeune fille en-bas, dans la rue, lasse, m'a apostrophé :
- Pis, tu sautes-tu ?...
- Hèye, j'quand mêeme en train de faire un trip d'acide, là moi ! J'ai pas tout à fait la même perception du temps que toi !... Y'a pas d'presse pour le saut de l'ange. Un jour, mais pas tout de suite; j'ai yink dix-sept ans.
Elle est repartie, déçue, en tenant la main de sa mère, elle plus neutre. Peut-être un peu déçue quand même que sa visite dans la Capitale ne fût pas spectaculaire. Les relations humaines commençaient déjà à évoluer, à devenir plus modernes. On arrivait dans les '80. Je suis arrivé en retard à la piscine au camping. Crisse de journée, où je me brûlais le poil des jambes avec mon brasier conique de smoke pour passer le temps pendant que les éternels détestables du terrain trois, la famille d'hill billies de Jersey Mills me faisaient jouer du sifflet à tous les cinq minutes. Je pense que j'ai sauvé deux p'tites filles ce soir-là, juste avant mon départ à 19h00, et que j'ai dû plonger tout habillé AVEC mon portefeuille. Anyway. Je ne me sentais pas très en forme ce jour-là.
C'est ça le gros problème avec les drogues : l'effet secondaire. Ou le manque. C'est comme la coke :
- une 'tite ligne ? 'ink une !!, puis que tu te couches le lendemain soir, un mois de janvier dans le nez et ton compte en banque fondu comme sous un soleil d'avril...
Et etc. Etc. Y'a Sarah-Lyne qui m'a fait gober un drôle de mix en Europe. Sais pas trop ç'qu'y'avait là-dedans : mdma, mgb, amphétamines, pcp... Ouf ! Ç'a été... consistant. Heavy même.
Mais les drogues dures, j'avais jamais touché ! Un point d'honneur, une frontière à ne jamais traverser. N'avais jamais connu le véritable extase, le trip total...
Et j'ai pas niaisé avec la puck : j'ai fait comme les femmes et les poètes, j'ai choisi la pire de toutes les dopes, celle à laquelle il ne faut jamais toucher - l'amour.
Ouf, le buzz ! La totale.
Mais ayoye, quels effets secondaires...
Bon, faut que j'aille me préparer à souper, au cas où l'apétit se repointerait.
hurlé par Coyote inquiet vers +/- 7:37 PM 0 explosions de joie
mardi, mai 17, 2005
Oh et puis basta ! Voici Carbure aux drogues dures...
Publié par Coyote inquiet à 6:27 p.m.
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2 commentaires:
Moi j'ai adoré ça ce texte-là ! Ça sent le vrai !
C'est du bon!
Ah! shi shavais shu aimer...
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