mardi, février 15, 2005

Le meilleur moment d'un jour gris

Pucké comme j'étais, après quelques heures à peine de sommeil éthanolique et nauséeux sur le divan sans fond et trop court de Porc-Épic, le clown m'a réveillé en me harranguant.

- La gauche c'est de la merde... As-tu déjà vu un gouvernement de gauche qui a pas conduit son pays à la ruine ?... Le syndicalisme, c'est une mafia et ça ne devrait plus exister... Ça tue l'économie. Radio-Canne nous entube de leur propagande parce qu'ils sont eux-mêmes des fonctionnaires grassement syndiqués. L'es-tu, toi, syndiqué ? Moi je le suis-tu ?

- Tu penses pas que tu confonds les abus du syndicalisme, sa situation dénaturée avec son leitmotiv premier, qui est de défendre l'exploité ? Pis la droite sans frontière, tu trouves-tu qu'à fait mieux ?

Bla bla bla...

- Pis les voyages, c'est pas pour les hommes, c'est juste les femmes, les artistes ou autres effeminés qui aiment ça aller explorer d'autres cultures en dilettantes... bla bla bla

- Kessé que tu radotes ?! Pis Radisson, Polo, Armstrong, Rimbaud ?... Crisse, c'est quoi ton problème à matin, tu me cherches-tu ?

Bla bla bla...

- Pis les cols bleus, c'est une mafia, (ok pour celle-là), pis as-tu vu les trous qu'on a dans nos rues ?... Ben c'est ça, ton syndicalisme pis tes idées de gauche ! Pis t'avais yink à finir tes études pis t'en serais pas là !... Pis bla bla bla. Pis l'art ça sert à rien; c'est rien qu'un ferment ou au mieux un baromètre de décadence...

Bla bla bla...

C'est environ là qu'il l'a sortie : pis à part de ça, je suis sûr que si t'étais au pouvoir, tu serais toi-même un FORMIDABLE FASCISTE !...

J'ai pouffé en entendant l'expression ! On a crampé de rire tous les deux, en fait, et le pétard qui en moi s'apprêtait à exploser s'est éteint comme sous une averse. Et c'est à ce moment seulement que j'ai saisi qu'il me jouait l'avocat du diable depuis le début.

Je crois que çe fut le seul bon moment de cette journée-là.

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