Le jour est un amas de fragments.
D'abord il y a le réel, parfois tesson; d'autres, simple bousculade pleine d'haletants agréments. Le réel qui sonne au téléphone, que tu resignales, que tu tapes ENTER avec document attaché. Il comporte des chiffres, qui souvent se méconnaissent ou se répudient. C'est un jeu rude et alerte et qui se joue souvent en équipes nombreuses.
Puis il y le beau, comme un souffle sur l'âme, chaud aux frissons, frais à la brûlure. C'est un soleil ou une pleine lune sur le trampoline d'un champs d'hiver. C'est aussi au détour de la page d'un livre ou d'un silence de musique. C'est avant tout le sourire des filles comme des fleurs au torréro.
Puis il y le coeur, comme aider l'ancien motard qui traîne un boulet trop lourd et qui est tanné de caler et chez qui tu restes à souper pour ne pas contrevenir à la lumière de la nuit.
Puis il y a la paix parfois, un silence qui s'entretient calmement avec lui-même et qui se suffit sans applaudissements.
Puis il y a l'intelligence, la réflexion et la remise en question pour le bien de tous et de soi. La danse santé du doute. Le feu de camp du débat électronique. Les scintillements d'une étoile qui oriente les azimuts d'une époque étourdie. D'autres fois c'est un défi musculaire d'abstraction, tout simplement.
Puis il y a l'art, l'appel de son jeu gratuit, comme le plaisir constant dans la journée de l'enfant. La joie des mots qui disent tout à saute-mouton. La phrase qui vit toute seule et sa nombreuse descendance.
Puis il ya l'effort, la joie de souffrir de l'alpiniste, l'étourdissement bienfaisant de l'air raréfié.
Puis il y a... Puis il y a.
Des fois je me demande si on ne risque pas de devenir fous à avoir autant de facettes à nos heures, de casser en mille fragments sur le sol.
mercredi, février 23, 2005
Le jour fragmentaire
Publié par
Coyote inquiet
à
9:35 p.m.
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4 commentaires:
Salut Nortine,
Autre point de vue. Vais réfléchir à ça... Non, pas du tout de spleen. Contraire, pète le feu me semble. Juste un peu perplexe vis à vis tous les intérêts et obligations, toutes les divergences qui peuvent loger à l'enseigne d'une seule journée.
Un tableau, oui, on dirait bien en effet que c'est Vermeer qui vient de retoucher l'une de ses rares toiles. Comme lui, qui les équilibrait pendant de longs mois, le peintre des mots de ce jeudi matin splendide, lui, retouche ses phrases lumineuses, par l'essence silencieuse des choses qui le font parfois s'inquiéter, surtout quand la rigueur du climat de son coeur devient trop lourde à supporter...Lentement, sa toile se soulève, on la découvre; on ne veut plus qu'elle s'achève. Les lumières de son espace infini illuminent alors tous les sentiers mal éclairés de mon âme aux aguets de ses mots... Oui, l'Art, dans sa complète gratuité, celle de la joie des mots, qui nous rappelle à lui, mais qui ne signale aucun numéro de téléphone, ni ne tape aucun ENTER sur un clavier, est peut-être le refuge le plus abstrait, mais aussi le plus sain, celui qui nous réconcilie avec tout le reste... Les mots, sédiments d'émotions qui se déposent en nous, qui fossilisent le flou de notre mémoire vive, et qui se musclent à l'occasion d'une invective, merci pour eux, pour leurs couleurs apaisantes qui m'ont permis de longer une ruelle près du canal, à Delft, dans les bocages de la romance de Vermeer, sous un ciel couleur de mulot, avec des yeux couleurs d'oxygène et une âme d'orchidée...
Bon, je prends ça comme un compliment ?...
Sans blague, merci bien, Louise. Content que tu aies apprécié.
Ma verbo-motrice, toué !!!!! ;o)
Tout le plaisir est pour l'auteur..Bonne journée.
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