Et qu'est-ce qui me rend de mauvais poil comme ça ?...
Hier j'ai enfourché mon vélo pour une promenade. parc Maisonneuve, puis j'ai pris la piste sur Rachel vers le Plateau, gros vent de face. Le Platôôôôôôô... L'élite... Les beaux (belles) les grands les riches les bien habillés avec goût... Eh bien les Platôôôôs, hier, je vous jure, ils parlaient anglais huit personnes sur dix. Quatre-vingt pourcent des gens que je croisais hier sur le Plateau, à Montréal, ville encore supposément francophone aux dernières nouvelles, parlaient anglais, s'esclaffaient dans la langue de Shakespeare, toutes couleurs confondues comme Benetton.
J'ai rien contre l'anglais. Je le parle très bien et j'ai plusieurs amis anglophones. Même de la famille. J'en ai encore moins contre les libertés individuelles; et que deux personnes rigolent en Wolof ou en Thaï fait partie de l'attrait et de la magie que revêtait Montréal à mon arrivée il y a quinze ans. Mais de voir, d'entendre en l'occurence, mon héritage culturel et linguistique, rétrécir ainsi en peau de chagrin, de constater que ma liberté collective de vivre en français chez-nous ne semble avoir aucunement pesé dans l'équation qui a donné le résultat auquel j'ai assisté hier provoque chez-moi une certaine irritation...
Non mais quoi ?! Le français va devenir un particularisme folklorique, une couleur équivalente, d'égale importance aux autres (même qu'il ne faudrait pas se plaindre car elle est tout de même dans les principales, tout juste derrière l'anglais...), de notre mosaïque linguistique ?... Ben là je ne suis pas d'accord. Je constate une faillite. Un échec à faire rougir.
J'essaie de comprendre. Quand j'ai été au Mexique, j'ai appris l'espagnol. Si je vais en Angleterre, je vais parler anglais. Idem à Sydney ou à Vancouver. Si je déménageais en Italie, eh bien j'apprendrais l'Italien. Simple non ? Logique aussi. Pourquoi ici, il est quelque part écrit qu'il n'est nul besoin d'apprendre le dialecte local et que la connaissance d'une langue universelle comme l'anglais suffit pour parfaitement fonctionner en société ? Et on ira où pour se ressourcer, quand le français ne sera plus parlé chez-nous, en France ?
C'est drôle, je me sens un peu comme le cave qui tient la porte, plaqué d'un sourire poli, que les invités considèrent de haut en entrant, lui pilant sur le pied - Oh, sorry ! -, et qui finalement ne sera même plus invité au party donné dans son propre appartement... (En tous cas dans celui situé sur le Plateau !).
Je crois que la loi 101 devrait être renforcée. Manifestement, elle n'a pas atteint son objectif. Loin de là.
Bon ok. La fin de semaine, le Platôôôô est envahi par le 450, qui vient s'y promener et consommer. Mais qu'est-ce que ça change ? Ça ne fait que déplacer la problématique : ce sont alors les banlieues qui sont en train de s'angliciser à vitesse grand V, tout simplement.
* * *
Les sourcils froncés de misanthropie et de Montréalitite, je suis alors parti vent de dos, vers Rosemont. J'ai réentendu parler français; ça m'a calmé. Je suis allé marcher dans le Jardin botannique. Était-ce parce qu'on est plus dans l'Est de la ville, parce qu'on est plus dans la nature, entouré de plantes et de fleurs plutôt que de béton et de vitrines grand'ouvertes sur la consommation, mais ça parlait français, avec moins de volume sonore peut-être, mais français. La nature m'a rasséréné. Je sais, ce n'est qu'un parc, qu'un enclos de verdure étampé sur une île en asphalte, mais tout de même, ça fait du bien, un peu de nature...
J'ai vu un renard plus philantrope que moi...
Et quelques lanternes chinoises...
* * *
Tout allait bien. J'étais redevenu en paix avec l'humanité.
Jusqu'à ce que ... TADAM : TLMEP !
Aaaaaaahhh, noooooooon ! ourquoi j'ai écouté ça ?! Tout le monde en parle ! La grand'messe des réussisseux. Le culte du glitter et de la personnalité ! Le Star Académie des premiers de classe ! le : on est beaux on est fins on est productifs et on s'autocongratule tous dans une spectaculaire harmonie télévisuelle Radio-Canadienne. Très Plateau, genre...
Non, sérieux, j'exagère. Et il faut rendre à César ce qui lui appartient. Marie-Maude Denis, par exemple. Elle et Alain Gravel ont fait un travail hors-pair dans le dossier de la corruption lors du financement des partis dans la sphère de la politique municipale, (de la sphère politique tout court ?). Je lève aussi mon chapeau au travail accompli. Mais quand on travaillé dans l'ombre de toutes ces divas Radio-Canadiennes en tant que vulgaire concierge informatique, qu'on a été traité avec autant de condescendance, voire de mépris, par ces grandes vedettes (si attachantes devant la caméra, plus humaines qu'humaines), on regarde l'émission avec un peu plus d'esprit critique et avec, en arrière-fond, une perspective humaine, réelle celle-là, dont ne rend pas compte la caméra... Finalement, être dans le secret des dieux n'est pas toujours souhaitable; il vaut parfois mieux s'en tenir à l'apparence des choses.
Anyway, chacun réagit de sa façon contre l'angoisse existentielle et l'insignifiance humaine essentielle. Il semble que devenir le centre du monde soit une voie très efficace... et très prisée à TLMEP. En tous cas, ça faisait longtemps que je n'avais pas écouté l'émission et finalement, elle ne me manque pas. Je suis un peu saturé des vedettes et de la parade des égos.
N'empêche, Stéphane Rousseau était mourant !
lundi, octobre 26, 2009
On ne devrait pas écrire quand on est de mauvais poil.
Publié par Coyote inquiet à 9:42 a.m.
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5 commentaires:
Mais voyons donc dear Mr. D., je le trouve super beau moi ton poil, quand il est mauvais, et je te link au Seuil juste pour cette entrée-là, et OUI, la loi 1O1 n'a jamais atteint son objectif.
Bise d'automne.xx
Oh j'ai presque versé une larme. C'est drole les séparatistes se plaignent toujours des anglais. Mais he ho. A Montreal on parle plus que l'anglais et le francais. Et a derniere mise a jour, Montreal et la province font toujours partie du Canada ou on parle l'anglais majoritairement. Faites don'c la distinction entre les pays et les provinces. Quand tu vas en Italie, d'une province a l'autre c'est des diaclectes tellement different qu'ils ne peuvent pas se comprendres entre eux. Quand tu vis au Québec t'es pas dans un pays, mais une province.
hey pas de chicane! ;)
Oui boss.
T'as raison Dave : ça nous condamne à devoir le faire un jour, ce pays. Inévitablement. Pour ne pas disparaître, tout simplement.
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