mercredi, mai 14, 2008

Silence d'avant pluie sur l'apprêt de lumière des rues. Le visage trop matinal des gens, yeux plissés au sommeil. Le Yo avait un gun sur lui. Je me suis demandé si Rémi a bien fait de laisser couler. L'optique des générations. La mouvance des masses. La marée qui recouvre mon cartier, plage qui restait à découvrir, chevaucher le vent, le vent qui tourne. Les vieux écrits qui percutent les murs de tes jours, comme des couleurs surannées ou des rires éteints. Comme un second départ, second début, tiens ! Désormais capable de regarder les belles filles sans poignard au coeur, même si parfois, la vie suit d'étranges chemins. Toujours mieux pavés sous la semelle d'autrui semble-t-il. Stupide envie. Faim vorace d'un estomac plein. Montréal est verte, jalouse d'Irlande, mais si peu, et embaume le lilas des coeurs. La neige est reléguée au souvenir, mais des crottes oubliées se révèlent sur les trottoirs de ton coeur. C'est normal. Mai ne peut être parfait !

Trois heures de sommeil plus tard, je suis retourné chercher mon auto. Je lui avais promis. Chanceux, pas de ticket ! C'est rare que la chance me colle au cul, mais je sais quand ça sent ! Surtout que l'heure de tombée était matinale : 7 h ! Et j'ai passé droit de trois quarts d'heure. Aussi bien dire que j'allais être en retard. Et elle n'a pas le téléphone, ni moi de cellulaire. J'ai horreur de ces bestioles. Sauf au travail parfois... Merde ! Pourquoi Stanley ne se la ferme-t-il pas des fois entre les pièces de Debussy ??!!!... Bon. Donc c'était la fête à Didier. Ouuu-ouuuu ! De la joie dans l'air. Des vapeurs aussi. Surtout qu'Olga y était. Olga. Loki strikes ! Jamais ben ben reposant quand on se voit elle et moi ! Mon petit doigt me disait que c'était dangereux de me pointer là... Mais bon, la fête d'un pote. Un petit tour seulement. De toutes façons, fatigué comme je l'étais, je pouvais pas rester. C'est toujours les pires fois. Mai dans nos têtes, L,été déja pulsant dans nos poitrines. Le regard épuisé de beauté et de renaissances. Olga me demandait ... mais je m'égare ! Donc les groupes tourbillonnaient, les plateaux de shooters rythmant les heures. Onze heures et quart, en passant. Eh oui, encore !... Comme si l'idée même du lendemain s'était volatilisée de l'esprit de tous. Montréal comme je l'aime. Imprévue. Imprévisible. Belle, fougueuse, un peu traînée sur les bords. Parfois méchante, snob sur les bords, puis d'un geste surprise, une étreinte passionnée, cuisine exquise à la fleur de sueur ! Toute sa famille y était, des gens sympa. Des amis tous azimuts. Montréal vitrail, mosaïque improbable. Bière et eau, tous les genres et les professions, les types, se mariant dans une euphorique harmonie, Curieux moments qui maillonnent notre expérience spécifique. Les guerres, la haine, et puis ça, de réconfortants moments qui nous convainquent presque que Rousseau disait vrai. Puis l'idée du lendemain en a revisité certains et comme l'automne qui élague, les tables se sont éclaircies. On entendait mieux. Au début, j'en perdais des grands bouts. Je déteste ça, dans les bars. Dire oui à une question que je n'ai entendue... "T'es tu complètement taré, toi, t'as-tu un problème ?"... "Oui". Grand dadais. C'est comme le Yo qui a demandé à Rémi si lui avait un problème... en montrant son gun enraciné dans ses culottes trop basses. Que faire ? Comment réagir ? Tu laisses passer ? ce qu'il a fait. Et probablement bien fait, car tout s'est résorbé... Ou tu choisis la voie du guerrier ? Vaincre ou mourir ? C,est dangereux. Et si tu optes pour celle-là, t'as affaire à y aller à fond en sacrément ! Rate pas ton coup !! Sinon, lui va pas te rater. Un choix difficile. Déchirant. Deux optiques antagonistes. On va y penser... On va prendre une p'tite bière là-dessus et on va te revenir avec la décision... t'as un cell, le Yo, où on peut te r'joindre ?!... Non, je crois qu'il a choisi la bonne tactique, celle du plus fin, du plus sage, du glaçon qui rafraîchit l'ambiance, vodka, mais on ice svp ! Et tout ça ma fait réfléchir, au temps qui passe. Au mouvement des choses, les jours comme une plasticine maléable même si en théorie tu pourrais presque dire revivre les mêmes choses. Le même décor, le même cartier, mais tout neuf. De nouvelles gens, plus jeunes, plus beaux. T'es devenu un vieux crouton un peu amer, aigré par la verdure déroulée en tapis. Dans l'apparte des autres, bien entendu. BM et lunettes chics. Puis tout ce décor métamorphosé, comme pour une autre pièce, à guichets plus fermés j'imagine. Bouncers monétaires. Tes amis qui s'achètent maintenant des condos dans ton cartier. Les sushis qui détrônent semaine après semaines les rois du hot dog. Le ketchup et les gros coke s'enfuiyant par les ruelles. Les cafés. Vitrines de soleil. Scènes communes et abordables. On y mange, on y mac, on écrit... Tout le monde écrit. Montréal est une ville d'écrivains. Tout le monde. ET c'est vrai. On est tous écrivains. On a tous ça dans le sang ! écrire. On écrit tous nos vies d'ailleurs, le plus spontanné ou prévu des ouvrages, chacun son genre, son style, sa plume. Certains brouillons et saccadés, d'autres lichés et calculés. One shot tout le monde ! One. First try et on publie. Cave pas cave. Donc normal que tout le monde se pratique un peu dans les vitrines des nouveaux cafés de la Promenade Masson. Faut se réchauffer, c'est sûr ! Pas le choix. C'est comme au karaté. On dirait que ça ne marche que parfaitement réchauffé... Là, la patte te lève à péter les ampoules au plafond, puis, deux bières après l'entraînement, on dirait un p'tit vieux qui boîte tout écrianché. Le sport forme la jeuness... Ouais, mon oeil ! des fois en tous cas. C'est comme la peinture. Ça fait trois jours que je suis là-dedans ! Plâtre, sablage, balayeuse, trisulfite de potassium, apprêt, choix des couleurs... Non ! On s'est trompé. Retourne chez Rona. Non, on fait plus ça : on n'ajoute pas de jaune ou de rouge dans ton vieux terra cota raté, qui fait crissement plus saumon fumé et à demi-recouvert de cendres d'épinette... Tiens c'est vrai : l'été s'en vient. Je sens déjà l'odeur du feu de camp et le silement des maringouins... Et surtout le pinson Frédérik, cet accompagnateur des nuits blanches, les cornes de brumes du Maine aussi. Un jour je serai jeune à nouveau et je redécouvirai d'un autre oeil ce qui m'est trop connu... Donc l'apparte coloré... et le proprio qui revient, conséquence du rehaussement Rosmontois, après vingt ans d'invisibilité, pour quémmander des hausses substantielles, pcq man, tu sais tu comment ça vaut astheur, un apparte dans Rosemont ?... Ah, ça, ça lui est resté dans les méninges, y'a pas à dire !!! Ciboire que la guerre est longue. Mais je mords comme un Boston, à s'en décrocher la machoire. J'ai du chien. J'ai même écrit, des fois. Et ça peut encore m'arriver, qui sait. Des fois ça coule. Ça sort de même. Gratis. First shot, comme la vie. Et justement Olga me disait : je serais curieuse de voir ce que tu pourrais écrire aujourd'hui, rendu mature ? J'ai répondu que moi, je serais curieux. Et que mature, c'est tout juste. Juste assez pour laisser dormir l'auto loin de moi. Mais qui sait, peut-être, par un chemin détourné, tenter le polaroïd d'un moment, d'une époque, essayer de saisir les couches innombrables, strates incalculables de l'existence, coups de pinceaux de nos destins, troubles comme Monet... Qui sait ?

Bon ben, reste un demi apparte à peindre - on dit PEINTURER !!! - une chicane à conclure avec le proprio, rejoindre mon boss de R-Canne, car, oui, bien entendu, ils m'ont rappelé, profiter du soleil avant l'arrivée des nuages, prévue pour dans quelques heures, essayer mes nouveaux droits DROP sur le serveur MySQL, ce afin d'enfin installer un composant nécessaire à mon projet, commencer à me concentrer pour le cours de demain, cours donné par le grand artiste martial Steve Ubl, en visite annuelle au Québec...

Merde, déjà midi !!! Je préfère onze heures et quart...

5 commentaires:

Anonyme a dit...

Olga aime bien prendre vodka avec Coyote :o)

swan_pr a dit...

superbe :)

Coyote inquiet a dit...

Thanx, hips !

√їÐΘĈ a dit...

rendue icit

http://vid0c.blogspot.com/

Anonyme a dit...

Éloignes-toi du Boudoir car Olga commence à avoir soif !!!