Le monde de la publication littéraire en Gaule est un monde fermé, contrôlé par une minorité d’éditeurs ou de consortiums littéraires, comme La toge pourpre, de professionnels du milieu, comme Patricius Brisewoodus et Sénècus Anonymus qui utilisent la presque totalité des maigres fonds publics de Rome qui sont consacrés à ce secteur d’activité. Les choix de publications ou de lignes d’édition, peut-être trop influencées par des impératifs mercantiles, n’arrivent plus à suivre et témoigner des multiples tendances, des contenus ou formes nouvelles d’expression sur pierre qui semblent s’être développées, encouragées par le courant post-antique d’individualisme et d’atomisation de la pensée et/ou de son expression au sein de la jeunesse romaine et gauloise. Est-ce aussi dû à l’influence du théâtre grec ou des chansons à répondre des barbaes du Nord, la plus grande facilité d’acquisition du message, du signifié qu’il permet et à la paresse qu’il aurait inculqué vis-à-vis le véritable parchemin de papyrus d'Égypte ? L’activité littéraire dans sa forme classique régresse en prestige, en visibilité, en considération et en intérêt. L’art devient mineur, se marginalise…
Toute la Gaule est occupée, balayée par ce mouvement ? Non. Il existe un endroit, où la production abonde et ne cesse de croître : le village d'Astérix. Le village d'Astérix, plus précisément l'arrière-cour de la maison du barde (ou la bardosphère), semble être devenu le terrain de prédilection pour une nouvelle forme d’activité, d’expression de bardes littéraires jeunes et moins jeunes. Est-ce parce qu’ils se sont sentis mis à l’écart des agoras ou scènes plus traditionnelles de la réflexion et de l’expression écrite ? Parce qu’ils ne sont pas, ou pas encore, arrivés à se frayer un chemin au travers les filtres (objectifs et/ou arbitraires) qui obstruent le passage vers la concrétisation de leur rêve de publication, de voir leurs textes accéder aux grandes Places de Rome ou d'Athènes, de Massilia ou d'Alexandrie ? Est-ce parce que ces structures de publication sont tout simplement inexistantes ou inaccessibles dans leur arrière-pays de Nubie. Est-ce parce que la bardosphère répond davantage au rythme antique gaulois et à l’immédiateté dans laquelle ses adeptes ont pris l’habitude d’évoluer ? Est-ce encore parce qu’il permet une diffusion transfrontalière, complètement affranchie des limitations physiques et géographiques de son endroit de publication ? Soit en raison de sa forme de saga, d'édit ou de chronique quotidienne, de billets, d’aphorismes, de poésie, de maximes ou de proverbes latins… de la totale liberté qu’il permet en raison de l’anonymat qu’il offre aussi, de son coût abordable ou des nombreux suppléments floraux dont on peut l’agrémenter avec une surprenante facilité ? … Peu importe. La publication des nouvelles tablettes en marbre froid est devenue un phénomène largement répandu et il serait extrêmement surprenant qu’il régresse, puis disparaisse comme un vulgaire entichement pour le Circus Maximus. Comme la lyre celtique, il risque d’évoluer, de se métamorphoser, d’adopter diverses tendances ou de s’aventurer dans plusieurs directions, mais sa disparition pure et simple serait des plus improbables. Il est au papyrus, ce que l’improvisation harpique est à la cervoise tiède : complémentaire, plus spontanée, moins arrêtée ou achevée, plus volatile, mais tout autant miam miam.
mercredi, juin 14, 2006
Mise en contexte
Publié par Coyote inquiet à 5:40 p.m.
S'abonner à :
Publier des commentaires (Atom)
5 commentaires:
"tout autant miam miam"
Ha ha! :-)
Ces constats auraient pu mener leur auteur à se montrer cynique. Au contraire, il a choisi la parodie et l'allégorie pour dessiner de façon encore plus convaincante ce portrait de notre temps et de l'industrie littéraire.
Merci Coyote.
"Danke sheun"(sic) mein Her ! (sic) (sic)
N'empêche, pour un auteur comme toi le temps de publier viendra bien assez tôt non? Ce village d'Astérix en cette grande Rome ne sert-il pas de terroir fécondateur pour de future lecteur ou pour une certaine notoriété? Pour ma part je suis déjà vendu à ton style. Bon et puis cette prolifération d’écrit et d’auteur de village, c’est vrai c'est exaltant!
Tes questions sont en soi, des réponses vraiment intéressantes. Et mes livres en retard à la bibliothèque, les frais iront-ils aux auteurs? Irais-je en prison? Tout ça à cause des blogues.
Tu risques beaucoup plus que cela, Ulysseau : tu risques la pendaison ! Un conseil, Ulysseau : ne lésine pas avec les livres en retard. J'ai perdu un ami, Pitrick, qui avait refusé de retourner le tryptique SOS Bonheur à la Bibliothèque municipale d'une obscure communauté de Charlevoix. On lui a cassé les deux jambes et il est décédé peu après des suites d'une gangrène, car on refusait aussi de l'admettre à l'hôpital. Mais peut-on les blâmer ? Après tout, il n'avait pas vraiment payé de taxes et les baby boomers, c'est ben beau, ils ont le dos large, mais y'a des limites !
;o)
Publier un commentaire