Il est parfois de ces jours étranges. Comme si on baignait dans un univers de biais. Une bouteille sur les flots démontés. Mers de mai. Toi dedans, pensif. Comme si tu ne faisais plus partie du monde, encapsulé sur la frontière des jours. Flotter, juste flotter. Pas encore l'ère du fond. Ni la cassure du ruisseau, ni les promesses d'estuaires. Flotter juste flotter. Parfois un haut-le-coeur. Rien d'insupportable. Juste un long chemin rabotteux de vagues, la gifle écumeuse des carènes. Seul et encapsulé de liège. Et l'étrange écho des mots qu'il ne sert à rien de prononcer sur la paroi vitrée car les berges sont hors de vue. Interloqué de buée, savoir pourtant la distance parcourue depuis le rivage des accolades. Mais aucune idée de la destination. Se savoir juste parti, en chemin. Et une solitude plus muette de vague en vague, de mouton en mouton, d'éclipse en éclipse. Parcours sans objet. Comme une bouteille qui n'aurait pas cassé mais à qui nul recyclage ne fut promis.
Curieux...
C'est une curieuse langueur que celle de l'esquif qui dérive.
Où est cette liste des recettes réussies ? Qui rédige les paragraphes heureux et les onomatopées de l'âme ? Qui tourne les pages à sa guise maladive ? Là sont les chapitres copieux ! Et là tant d'heures entre parenthèses, des décennies en anotations interdites ? Et la lecture, encore et toujours en geste passif dont jamais les mots ne se sont enfuis, rebels écrasés dans leurs geôles de papier.
Et c'est curieux, parce qu'on dirait toujours la même page...
par page...
reprographie d'âge en âge
comme un froissement de dictée ou de salle d'étude qui glace l'espérance
C'est ainsi : la pieuvre n'a que l'encre comme masque à sa déroute...
Je disais donc, en serpentant l'évidence, que le silence n'est qu'un désert, une léchée de lune ou une discothèque d'étoiles
et que le périple étourdi
érige la pause d'âmes épuisées...
Juste ça peut-être.
vendredi, mai 12, 2006
Jour étrange
Publié par Coyote inquiet à 5:19 p.m.
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5 commentaires:
Mais de rien, Célestine.
All apologies por qué ?
Oups... PARA que ?
si je me souviens bien : para, pour; por, par.
...tu es un lyrique, mon coyote...
Un vrai Chateaubriand post-moderne !... D'ailleurs, j'avais pensé à "Renée et Attaboy !" comme prochain titre de roman.
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