The "Est" is the best !

Ben voilà ! Ça y est. C'est la fin. Ne me reste qu'à paqueter une fois de plus Anna-Mazdalena et à reprendre la route. Vers l'Est. Fini l'Outaouais. Fini la Petite-Nation. On retourne dans le coin de Québec pour un bout... Morisson avait tort : the west is NOT the best... En tous cas ça ne l'aura pas été pour moi.

Les adieux sont faits. Le souper de départ a été bouffé hier. (Du lièvre pour tout le monde. Après un long bain dans une marinade pour enlever le goût de cèdre.) Échangé les couriels et nos de tél. avec Lièvre avenant, afin que le temps et la distance ne soient pas les seuls à décider du recroisement ou non de nos routes. Revu Renarde au festival de films qu'il y avait ici en fin de semaine. Elle me tournait autour comme une mouche, histoire qu'on se reparle j'imagine, qu'on fasse abstraction de l'orage que son passage a saccagé dans ma vie et qu'on revive les rayons matinaux d'il y a tout juste un an. Ou je sais pas. Mais les hommes sont orgueilleux. Et je suis particulièrement rancunier quand on m'a blessé... Donc ses belles apparences en société, je l'ai envoyée se les enfoncer ou vous pensez !

Justement, coïncidence, je ne sais pas trop ce qui se passe ce printemps (c'est peut-être d'ailleurs le printemps lui-même qui en est la cause), mais les couples s'écrasent au sol comme des pilotes nippons ces temps-ci. Suis parti qqs semaines, reviens, au moins quatre couples qui ont pété au premier regard insistant du soleil... Et des valeurs sûres, qui plus est ! À n'y rien comprendre. Plus rien de stable, de nos jours... Raison supplémentaire pour bien réciter sa leçon de zen - les mains vides, on en échappe moins.

Donc la page se tourne; j'entends le froissement de la feuille. Retour aux racines. J'embrasserai plus souvent la courbe des Appalaches ou celles des Laurentides charlevoisiennes, que ce soit du regard ou du pneu. Il y aura le Fleuve et sa silencieuse connaissance - professeur muet. Il y aura les belles filles en parade, la foule, les festivals, les randonnées de vélo et même la basse stupide de vendredi soir qui tente de sortir des honda civic en scandant comme un poussin de sa coquille. Il y aura la vie : son spectacle à la fois magnifique et dérisoire.

Pour revenir à cette région qui m'a tant fait babouner... Elle est loin d'être si pire que ça. C'est une fort jolie région, même, et j'y ai rencontré nombre de gens sympathiques et accueillants. La nature y est A1, qui plus est. Non. À la fin du chapitre de cette expérience, au terme de ce que j'y ai vécu d'isolement et d'ennui, je ne puis que reprocher une seule chose èa cette région, finalement : ce n'est pas chez nous. Ou je n'ai pas réussi à m'en faire un chez nous.

Donc ce sera Québec puis Lac Mégantic pendant qqs temps. Je vais me terrer dans un chalet pour écrire un peu, histoire de retoucher à la plasticine de ce rêve et de vérifier si sa réalisation me tente toujours, finalement. Par la suite, je suis supposé aller filmer qqs jours le fond marin dans la baie de Penobscot et y fixer des web cams. Je vous montrerai des p'tits bouts de films, Télécino ! si c'est faisable, si tout foncitonne. C'est incroyable, la nuit, ça grouille de homards. Comme des maringoins ! Avec les yeux qui brillent comme ceux des chats dans la nuit. Un seul hic, je devrai plonger seul, sans mon frère avec moi et ce regard qui dit tout que nous avions développé en quinze années de pratique. Mais bof ! qui a dit que la vie n'était pas dangereuse ? Et là-dessus, Morisson avait raison : no-one (sic ?) gets out of here alive !... Et tant qu'à vivre, préférable que ce soit pendant qu'après, non ?...

Bon ben, on va continuer à lever le camp pour poursuivre la recherche de ce chez-nous-quelque-part. Ce qui veut dire qu'en bon survenant, ben, on va continuer à survenir encore un peu...

On the road again.