mercredi, février 13, 2008

Toutes ces choses que je ne dirai pas sur ce sujet qui ne me concerne pas

Ils avaient tous de beaux discours la dernière fois, lors des joutes oratoires du vote de l'association des étudiants de communication. En février, le moment serait plus opportun ! Là, on était en fin de session; fallait pas la mettre en péril, risquer de la rater ! Ça relevait de la tactique, de la stratégie... Mais en février par 'zemple, là watch-toi !... On allait la faire, la grève ! Contre la hausse des frais de scolarité et provoquer un débat de société sur la place qu'on souhaite réserver à l'éducation supérieure.

Par solidarité, j'y avais été; pour les encourager, pour voter avec eux. Bien que je ne fasse qu'un retour aux études en tant qu'adulte, la suite du monde, de ma société, ouais, vous avez raison les jeunes, fallait pas que ça me laisse de glace, que ça m'indiffère ! Par principe donc. Parce que je crois que l'éducation est une valeur primordiale et qu'elle ne doit en aucun cas devenir l'apanage, la chasse-gardée d'une classe choyée financièrement...

J'y suis allé, et je les ai vus, rouler des yeux, bailler en écoutant des mpeg de Simpsons, South Park ou autres King of the Hill sur leurs Mac deux processeurs payés par Papa, plus minces qu'un journal du Devoir. Je les voyais, en vêtements griffés, abrutis de mode et d'espace marketing, tel qu'on veut qu'ils soient, tel qu'on leur demande d'être à grandes pochetés de moulée publicitaire...

Évidemment, le vote de grève n'avait pas passé. Certes non. Ni par principe, ni par solidarité, ni pour quoi que ce soit d'autre. Le décompte avait confirmé, sous les éclats de joie et de soulagement. Surtout pas par solidarité avec ceux qui pourraient en arracher, contrairement à eux. What de fuck ! Ils n'avaient qu'à naître riches eux aussi ! À eux d'avoir aussi le teint bronzé, le sourire Cuba - l'image est incontournable en communication. Faut avoir l'air de. Et à force d'en avoir l'air, on le croit. Et les autres. Donc si tout le monde le croit, on l'est ! Aussi simple que ça. C'est la théorie qu'on exploite entre autres dans les ascenceurs, et grâce à laquelle on a scientifiquement créé une musique parfaite, délectable aux oreilles de tous, qui ne dérange jamais et moule à la perfection tous les racoins de notre marchandisâme.

J'y avais été, par solidarité, parce que je crois qu'une hausse des frais de scolarité alors qu'on vit avec moins de 5000 $ par année, c'est significatif et que ça peut revêtir un aspect plutôt décourageant pour certains qui tirent déjà le diable par la queue. J'y avais été, pour qu'au moins un débat s'entame sur ce sujet crucial s'il en est un, et qu'on se questionne jusqu'où socialement on est prêts à investir, en accord avec les voeux pieux électoraux, et comment le répartir, cet investissement, comment l'actualiser dans le concret... Et j'étais revenu de cet après-midi complètement dépité. À pleurer presque. Pas parce que la démocratie s'exprimait à l'opposé de ma position ou de mes convictions, mais plutôt à cause de ce je-m'en-foutisme à trancher au couteau qui engluait l'air ambiant, de cette démobilisation parachevée, propre de notre ère EGO.COM. Tellement dépité que j'avais échoué au bar et que j'ai dû boire ce soir-là à peu près pour le montant que je reçois mensuellement en prêts pour poursuivre des études supérieures (et survivre par la même occasion, j'imagine...), soit un gros 100 $/mois, et qui est l'argument principal sur lequel s'appuient les tenants de la hausse, soit que les prêts et bourses ont augmenté en conséquence afin de permettre à la jeunesse de conserver la même ouverture d'accès à l'éducation... J'étais revenu tellement dépité du spectacle de pareille indifférence au sort des moins fortunés que je m'étais promis de ne pas y retourner en février, quand viendrait le temps de la faire-watch-toi-Charest !-la-grève-cette-fois ! Parole que j'ai tenue. Je ne m'y suis pas rendu (je sais : j'en suis déjà à ma deuxième contradiction) ce lundi alors que les étudiants de communication étaient invités à voter par leur association, soit à être solidaire du mouvement amorcé par les étudiants de sciences humaines, soit à continuer à vivre sur une petite planète de ouatte en se disant que ce ne sont après tout que les problèmes des autres, de quelques pauvres, et que Papa lui est bien assis sur les aquis de luttes ou d'efforts de solidarité menés par d'autres, d'avancées progressistes qui ont ouvert l'éducation à l'ensemble de la population... Ressentir un malaise, éprouver une alerte, s'interroger au moins, sur le danger d'un possible recul vers une éducation moins accessible, barricadée derrière un goulot d'étranglement financier à travers lequel tous ne pourront passer alors qu'ils en auraient la capacité et qui risqueraient plus que probablement, au sortir de leur passage aux études, de répandre en retour expertise et autres bienfaits de leur éducation sur la tresse sociale, non, pas vraiment passé à l'esprit, surtout que moi moi moi j'aurai terminé et serai embauché par une importante société dont je deviendrai le fidèle et docile porte-parole d'ici-là...

Ben l'inévitable et le prévisible se sont tout simplement produits. Le vote n'a pas passé. C'est correct. C'est la démocratie. Et c'est de loin le moins pire des systèmes de fonctionnement humain en société. C'est juste que je trouve que la démocratie ressemble parfois à une oligarchie de privilégiés, et ça, ça me fout à l'envers, tabar... !

Mais ne vous en faites pas : je ne vais rien dire ou écrire là-dessus. Parce que je sais que j'ai parfois un tempérament impulsif et que si j'écrivais quelque chose sur le sujet, conseillé par la colère et mon regard encore à 39 degrés Celsius, je risquerais de faire un fou de moi et d'émettre des propos que je regretterais par la suite... De plus, je risquerais de me faire regarder une peu de travers par les consoeurs ou confrères qui tomberaient par hasard sur ce billet, quand je repasserai par là !

Je suis sûr que ç'a même pas passé près ! (Quoi qu'il faudrait que je vérifie cette information...) J'aurais donc dû ben dû donc dû... En fait, j'ai donc ben faite de ne pas y aller, à ce vote, avec mes consoeurs et confrères de communication. Je peux continuer à me vautrer, tout paisible et zen, dans le luxe total et la farniente de la vie d'étudiant; en grande partie grâce à la rondelette somme mensuelle qui m'est prêtée par le gouvernement pour ne rien faire, sauf peut-être faire semblant de terminer quelque chose, par exemple un projet de maîtrise...

Et n'oubliez pas la pensée du jour; parce que l'éducation, c'est important ! Et qu'on en est très conscient en haut lieu. Et d'ailleurs on n'arrête pas de nous le répéter lorsqu'il y a des élections...

Finalement, ce doit être juste moi qui vieillit et qui passe date comme un yoplait. Les principes ne sont peut-être tout simplement plus in.

* * *

Bon. Les minutes ont passé. Je suis calme à nouveau. Je me suis dit que je devrais peut-être me tourner la langue sept fois avant de parler ou d'appuyer sur le bouton orange PUBLIER LE MESSAGE... On a voté contre la grève à 56 % en passant, ce qui n'est pas si mal quand même. Tout le monde n'est donc pas un fils ou une fille à Papa en communication. Et ça va pas si mal que ça, finalement, dans le monde, sauf qu'il neige encore... Et je m'emporte peut-être un peu trop, des fois, aussi... C'est juste que le frigidaire est rendu vide pis que les rentrées commencent à se faire rare - en tous cas j'ai dit vrai sur une point : c'est pas après les rentrées des prêts et non-bourses que j'attends... Et pis c'est peut-être à cause que je n'ai ni de chats, ni de chien, que mon projet n'avance pas assez vite, surtout que je blogue au lieu de bûcher comme je faisais depuis quelques jours, qu'il faut encore que je perde du temps à remplir des formulaire de demandes de bourses, que je n'aurai - encore et toujours - pas, comme les bourses de création littéraire, jadis comme jusqu'à il y a peu, comme de l'aide du béesse, comme des prêts et bourses, même si j'ai écrit personnellement à la ministre pour expliquer la situation devant laquelle je me trouvais, ... parce que je ne peux aller m'entraîner ce soir au dojo, un collègue de classe lançant un cd regroupant tous les court-métrages qu'il a pondu en 2007 et que j'ai promis d'y aller, que je ne veux pas perdre mon parking déblayé à grandes coulées de sueur, qu'il fait gris dehors, que février me fait chier, que j'ai le cabin fever, bla bla bla bla bla...

Bref, mes propos n'ont rien de journalistique; ce ne sont qu'une tempête de vaguelettes dans un verre d'eau, non, de sloche. Qu'un billet surfant sur une émotion irritée. Qu'un chiâlage de blogue !

Mais c'est pas un peu ça qu'on attend d'un post, non ?...

Ah pis, what the fuck !

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Il est vrai que la communication est une ruche à «pancartes ambulantes de logos», avec l'attitude qui s'y rattache, ça se voie et se sent. La télé que nous présentait Debord est encore tout au bout de la manette, et les gens qui veulent aller dedans ne feront que représenter ce que l'ont leur demande.

Malheureusement, dans plus de 56% des cas, la télé et encore plus la radio semblent aller vers le bas pour ce qui est de l'intellectualisation des clients...

Il faut divertir et le divertissement me rend pauvre en estime, c'est qu'il ne faut surtout pas réveiller l'animal qui dort... Car quand il se réveillera, il aura faim et avec une estime aussi basse, il n'aura rien à perdre...

Bon... Je retourne voir les dernières nouvelles de la grêve des professeurs par chez nous.

Coyote inquiet a dit...

Voilà ! Tous unis par le plus petit dénominateur commun ! Un monde parfait. Aller et venir en marées abruties, "tel est ton destin, Luc !"