mardi, janvier 29, 2008

Logiciel de traduction "prose - poésie"

Étalon poétique :

Je voulais pour aujourd'hui
sillonner de traits de pinceau la joie lactée de tes seins
retrouver sous le doigt la note parfaite que chante ton âme
au crépuscule de nos rêves assouvis
et que constellent de scintillements métalliques
les aiguilles pénétrantes d'une beauté
mille fois insaisie...

Traduction prosaïque :

J'avais plein de choses à faire aujourd'hui; j'ai rien faite. Trop pucké j'imagine. Fallait 'j'travaille su ma maîtrise ou sur n'importe quel autre urgent dossier...

Mon voisin d'en-bas
m'a passé dix dvds
j'ai des poivrons pis des champignons pour la pizza
j'cré ben que ça va être une soirée tv !

* * *

Vous le constatez, mon petit logiciel fonctionne à merveille.

* * *

Je repensais à ça, tout à l'heure, chez mon petit fruitier Pakistanais... Je me disais qu'il fallait en profiter ! Je suis encore son seul client blanc, pure laine, de souche... Ses prix sont encore ridiculement bas et il m'offre des rabais en m'appelant "tu"... Ce sont les derniers jours de Rosemont... Partout, des signes de gentrification, un nouveau Plateau, en émergence... Une dynamique hybride, comme Mont-Royal quand je suis arrivé ici en ville... Une dynamique hybride qui bientôt cédera sa place une croissante uniformité, au pas rapide et efficace des coiffures peignées au chronomètre... un sourire de réussite, en dents blanches et au timbre sonore, qu'on remarque ! qu'on doit remarquer ! et qui placarde les vitrines des bistros nouveau-genre, des autos en pandémie et des famines de stationnement, le jardin botannique qui pour de longs mois m'appartenait seul et dont aujourd'hui le tourniquet grince de foules...

Tout a changé. Tout change. Tout changera.

J'ai quand même eu l'indicible chance de vivre Rosemont au temps du Porc-Épic, au temps où le claquement sec de la carabine percutait sur les murs coulissés de notre jeunesse, entre d'hilarants éclats d'espérance; et d'innocence.

* * *

Alors, elle vient, cette pizza, Ô jazz culinaire ?!

2 commentaires:

Hortensia a dit...

J'aime beaucoup l'idée de la traduction poésie-prose.

Coyote inquiet a dit...

J'ai dû coder ce petit logiciel pour mon usage personnel : comprendre mes propres notes sur le frigo. Il m'arrive d'écrire mes listes d'épiceries en alexandrins éthérés et je ne comprends plus rien une fois rendu devant le comptoir de légumes... J'ai l'air con un peu à demander aux assistants-Provigo leur intuition sur la signification de ma propre liste...