Kk-Mtl-Kk

Retour de Montréal. Première semaine de maîtrise. Super. Presque trop l'fun pour être de véritables études à mon avis. Je verrai, écouterai les conseils du temps.

Racoon cherchait un lift pour s'en aller publier, lancer son bouquin à Montréal... Désolé, mec, j'étais à contre-courant. Comme d'habitude, d'ailleurs.

J'allais bouffer à mon petit Vietnamien hier midi quand les sirènes se sont mises à hurler... Je me suis dit : "tiens, on dirait quelque chose de sérieux..." Trois autos en trombe. C'était le début de la fusillade au Collège Dawson. 13 septembre. 13 septembre noir comme un trench de cuir pour plusieurs... Je suis entré, me suis assis puis ai commandé et bouffé ma côtelette de porc à la vietnamienne, ce après avoir piqué quelques napkins et un peu de sauce soya à Pierre Lapointe, mon voisin de table de la forêt des mal-aimés.

Au début, après le peu que j'avais eu le temps d'en lire sur internet à mon retour de dîner, je croyais qu'il ne s'agissait que de deux-trois bums de gangs de rues qui ne s'étaient que tiré des pruneaux comme dans un film de diligences et d'Indiens et où personne n'est atteint, sauf dans sa fierté; le tout très en périphérie de l'école... J'ai répondu à un e-mail de Démétan, qui me refilait un contact pour une colocation potentielle... Le soir, en voyant les nouvelles et en constatant avec horreur l'ampleur de la fusillade, je me suis mis à me questionner très sérieusement à savoir si le gars à qui je venais de répondre électroniquement était toujours en un seul morceau... Car je croyais que Démétan enseignait à cette école... Après l'entraînement au dojo, j'ai appelé Gévé, dont j'avais sur moi le no. de tél., histoire de vérifier si notre Démétan national et marin d'entre les marins voguait toujours bien paisiblement sur le fil de ses jours...

- Ha ha, oui. Tu t'es trompé d'école, Coyote...

- Ben content que l'erreur soit humaine !

Sauf que pour d'autres, y'a pas eu d'erreurs. Ni sur le nom de l'école, ni sur la personne. Ça, c'est moins drôle... Sacrément triste, même.

C'est complètement pété, des fois, Montréal. Les villes en général. Trop d'humains : ça attire les fous, ou ça rend fou... J'ai vu un chef d'orchestre en bedaine cette semaine, qui gesticulait sa symphonie inaudible en plein milieu du traffic. Sa cantatrice un peu plus loin, vocalises aux inflexions religieuses au travers des klaxons. Y'a du Fellini sur les troittoirs, entre autres dans le quartier gai que je traversais deux fois par jour car l'apparte où j'habite ce mois-ci s'y trouve en périphérie, à l'autre bout en fait. Puis par ailleurs il y avait l'uqam, des cohortes de jeunes étudiantes et étudiants qui défilaient comme dans une fourmilière d'avenir, des sourires, de la jeunesse partout. Des profs et du personnel cool. Comme si la vie ne leur avait encore jamais fait une de ses vacheries dont elle est parfois capable. Comme si, aussi près du départ, se tromper de chemin, se perdre, tomber dans un précipice, n'était du domaine du possible. Des espérances vierges et intactes. Comme celles qui papillonnaient dans l'Atrium du collège Dawson juste avant l'heure du midi...

* * *

En passant, merci à tous ceux qui m'ont tendu une perche ou refilé des tuyaux pour des apprates, studios, chambres ou colocations possibles... Commence à avoir du choix. Pour le moment, j'en ai un - gratis. Pour la suite, probab. que Porc-épic m'offre à nouveau la colocation pour pas cher, surtout que lui rafistole la maison qu'il s'est acheté au mont Adstock près de chez Carcajou. Mais il y a aussi d'autres options. Je serais donc bien installé pour étudier les mutations de l'épistémologie de la révélation vers la machiniste, puis l'écologique... Donc de comprendre de moins en moins bien mais avec de plus en plus de précision les embranchements racinaires du post-modernisme.

Pour ce qui est du karaté, ben c'est toujours aussi cool et le Sensei et la gang sont tout aussi géniaux. Donc, pour changer un peu des bars et du beat d'été, eh bien on va se remettre à la sudation et à la discipline pendant un petit bout. Après tout, pas toujours au foie à faire toute la job !

Hé, je vous ai dit que mes profs étaient géniaux ? Je me suis aperçu que plusieurs de mes intuitions et observations sur l'urgence et l'affolement sociaux, humains, abondaient dans le même sens que celles de quelqu'un d'autre, que de plusieurs autres en fait. Fait du bien de voir des gens aussi érudits qu'eux et qui sentent perçoivent les mêmes choses que vous, qui de surcroît les verbalisent ou les cristallisent par écrit mieux que vous ne sauriez jamais y parvenir. On se sent moins fou quand on n'est plus seul; ou tout simplement mieux, quand on est avec d'autres fous...

Bon, ce soir, en bon bourgeois... Orchestre symphonique. Stravinski. Un cadeau. Superbe cadeau, en fait, de la part de ma lectrice de la première heure : L. H.. Je ne crois pas avoir assisté à un concert de classique depuis que j'habitais à Paris.

Merde ! J'ai raté les nouvelles.