La vie et sa fin

Je reviens de Montréal où j'ai eu un fun fou en compagnie de personnes magnifiques et des plus agréables lors d'un souper- euh... causerie (pour ne pas dire beuverie) chez une blogueuse notoire. De plus, je suis parti de là bien remplumé au terme d'une longue partie de poker. Dormi deux heures, réveil un peu croche, puis visite à mon frère, dont c'est l'anniversaire. Le soir, je tombe de sommeil et ne souhaite que récupérer, mais - c'est sa fête ! - et il insiste : au dojo ! Ça va me réveiller. Et il a raison - rien de tel qu'un entraînement à bout de souffle pour éliminer les toxines et se réveiller. Hier, traverse tout Montréal et vais chercher Racoon, puis en route vers Kébek. Il fait beau. Un soubresaut d'été. On a pris quelques bières au Sacrilège, sur la terrasse puis je l'ai reconduit à la gare afin qu'il décrisse vers son trou-aux-corbeaux (...;o)

Ce soir, l'enseignement reprend; je donne mon premier cours. Je dois terminer un contrat web - le boss attend après la dernière partie. Suite à quelques commentaires sur la couleur de mon blogue, j'allais vous repeindre ça en drab ou en blanc plutôt - tanné du beige.

Mais le téléphone a sonné.

Je viens d'apprendre que mon grand-père vient de mourir. Ce matin. À 95 ans, trente-six heures après son 72 ème anniversaire de mariage, Normand a décidé de se laisser aller, comme il disait qu'il allait le faire alors que personne ne le croyait... Il a toujours été peste et têtu comme une mule.

Il a eu une vie des plus actives. Bûcheron dans le Maine avant son mariage où il a passé trois hiver en camp, puis commerçant quand il a fondé famille. Il a été maire, échevin, a fait de la politique, était chevalier de colomb, toujours impliqué dans sa communauté. Il était chasseur et pêcheur émérite, collectionneur d'armes, de mousquets et de cannes à mouche. A bercé notre enfance à mes cousins-es, frères et moi à son chalet du Metgermet de ses contes et histoires, était le meilleur conteur dont on puisse rêver, enfant, comme grand-père, quand il nous narrait ses aventures et histoires de chasse chez les Attikameks (Cris ?) de Weimontachie-Saunmaur, et qu'il avait les trophés et photos pour le prouver... A voyagé dans 59 pays et foulé tous les continents, ce à une époque où bien peu de Québécois traversaient les frontières pour aller ailleurs qu'aux States.

Évidemment, je n'étais plus vraiment près de lui et je suis loin d'être ravagé par la nouvelle de sa mort. Mais tout de même, je me rends compte de toute la place qu'il a occupé dans ma vie, ce matin. Ce matin qu'il a choisi pour partir en un dernier voyage. Il m'a enseigné à pêcher, chasser, la joie de conter, à aimer la nature, qu'il appréciait tant, à être entêté et insoumis comme les quelques gouttes de sang métissé qu'il m'a transmises. Et je me devais de lui rendre hommage.

Hélas! j'ai bien l'impression que ma grand-mère ne va pas tarder à le suivre, comme elle l'a toujours fait...

Mon blogue reste donc en noir.

Merci et bon voyage Grand-Papa.