dimanche, janvier 08, 2006

Réflexion

Quand je pense à esprit libre, indépendance et authenticité de pensée, c'est drôle mais me vient toujours un blogue blanc dans la tête...

Je ne saurais trop vous conseiller d'aller lire la Déclaration d'indépendance de l'homme aux petits monstres. (Désolé Darn, c'est probablement exactement l'effet inverse que tu recherches...) Moi il m'a sacrément fait réfléchir. C'est peut-être pour une large part une question de timming... Je dois avouer que je m'interroge aussi depuis un moment sur la pertinence de poursuivre l'activité blogatoire. Ou que je suis tenté de disparaître pour renaître sous un autre avatar. Il me semble avoir énormément perdu de ma liberté de pensée et de parole, toute la spontanéïté que m'offrait au départ le médium. Une forme d'auto-censure - principalement - est apparue. Non pas à cause de commentaires désobligeants ou de silences accusateurs que mes propos pourraient susciter, ce n'est pas le cas. Du moins je ne le perçois pas. Non, c'est juste un sentiment de perte de liberté. Peut-être tout simplement dû à l'apparition du facteur groupe dans la perspective de l'acte. On passe notre vie en groupe, en société, en comité, en gang, en famille. Faut toujours considérer l'autre, sa position, ménager les susceptibilités, user de délicatesse... Mais pas dans l'écriture. Pas pour moi en tous cas. L'écriture a toujours été un acte d'absolue liberté, qui fait fi de toute considération artificielle, extérieure, y compris des susceptibilités. Une action égoïste et sans compromission. Pure et infléchie. Une parenthèse de liberté, une bouffée d'air sur le pont dans la galère du quotidien et de ses impératifs. Et j'ignore pourquoi, (est-ce la perte de l'anonymat en grande partie ?) mais j'ai perdu beaucoup de cette jubilation qui se permet tout, qui fonce tête baissée dans le réel, savate le social et mord Dieu au passage. Et c'est difficile de se contenter d'un simulacre quand on a connu "the real thing". Faire l'amour et baiser mécaniquement sont deux choses qui se ressemblent peu, finalement.

Je ne porte aucune accusation ni ne formule de reproche à qui que ce soit. Je constate juste que le même phénomène avoué avec autant de sincérité par l'homme aux petits monstres noirs vaut pour moi aussi. Par ma faiblesse humaine, mes désirs de plaire ou de ne pas choquer, de ne pas me sentir rejeté, etc., la blogosphère, le regard électronique de l'autre, ont fini par brimer ma liberté, édulcorer mon intransigeance, masquer la seule chose qui ne devait pas l'être au départ : l'authenticité. Et ça, quelque part, c'est moche.

Un autre point. Le temps et l'énergie que ça consomme. C'est fou ! me semble que je n'ai fait que ça cette semaine : lire des blogues, surfer de page en page. Comment peut-on entreprendre un travail plus sérieux si on passe notre temps sur le net à bloguer ou lire les autres blogues ?

Anyway, je vais aller poursuivre ma réflexion en marchant pendant qu'il reste un peu de lumière. Merde ! j'ai toujours eu un penchant pour la philosophie les dimanches. La crise sera peut-être passée demain. Mais peut-être pas.

Bref, je tenais juste à lever mon chapeau au philosophe blanc et mentionner au sujet des propos que je viens de lire qu'ils trouvent un écho rapproché dans mes propres inquiétudes.

1 commentaire:

Innée la poétesse du dimanche a dit...

...L'écriture a toujours été un acte d'absolue liberté, qui fait fi de toute considération artificielle, extérieure, y compris des susceptibilités. Une action égoïste et sans compromission. Pure et infléchie. Une parenthèse de liberté, une bouffée d'air sur le pont dans la galère du quotidien et de ses impératifs... C'est un exemple parfait de joyau ces bouts de phrases M.Inquiet