jeudi, septembre 27, 2007

Fiction ?... pfft !

Ce matin, le téléphone a sonné à 7h00...

"Bon, l'ostie de Carcajou, encore...", que je me suis dit en me redormant. Puis à 7h30. "Sans dessein ! Il veut venir prendre une brosse à Montréal et trépigne d'impatience. Laisse un message sur le répondeur, espèce de clown !" De toutes façons, j'ai cours à l'uqam demain. Donc pas question que t'arrives ici en déferlante ce soir. Et j'avoue que j'ai choisi d'habiter à Montréal principalement pour cette rasion : terminer ma maîtrise, donc aller à mes cours. Autrement, je vous jure, je niaiserais plus longtemps ici. Puis huit heures moins quart, puis moins 7, puis... Merde, ça dormait bien pourtant ce matin - premier matin d'automne qui ressemble à iun matin d'automne depuis belle lurette, non ? Pluie et 12 deg; et non soleil et 27. Enfin, on va pas se plaindre du beau temps. Au dernier appel, donc, j'ai répondu en me râclant la gorge pour mieux savoner le manque de savoir vivre de Carcajou...

Eh ben non. C'était la soeur de Porc-Épic, inquiète parce qu'elle n'arrive plus à joindre l'ex-blonde de l'ex-hérisson.

- L'as-tu vue dernièrement ?

- Non.

- Des voisins de l'ancienne maison de Porc-Épic l'ont vu rôder dans les parages comme une âme en peine et m'ont téléphonée pour me faire part de leurs inquiétudes...

- Vois-tu son char ?

Je suis sorti à poil sur le perron, camouflé par l'épinette qui me bloque un peu du sempiternel déchirement des pneus sur l'asphalte mouillé de la rue...

- Ah, oui par exemple. Bon tu vois ? Elle est revenue à Montréal. Pas de quoi s'inquiéter. Je retourne me coucher, ok ?

- Non. Je suis inquiète quand même. Vas voir stp. Et demande le no. de tél. de sa coloc et transmets-le moi, que je puisse la rejoindre lors de semblables situations.

"Ah les femmes et leurs intuitions à la gomme !...", marmonnait en baillant mon cerveau.

J'ai enfilé mon jean, puis l'éternel t-shirt noir des Philippines qui sentait encore la sueur d'après-dojo d'hier, et j'ai été voir sa coloc, ma voisine...

Eh ben, elles visent juste, les intuitions féminines, parfois... Mme Porc-Épic s'est balancée dans le bois au bout d'une corde...

... Attendez, l'histoire n'est pas si simple, ne se termine pas aussi facilement. La vie peut faire mieux ! Des chasseurs, troussant dans le coin la perdrix ou le chevreuil, ont entendu un drôle de râle et se sont dirigés à l'oreille vers lui au travers des pessières...

Inconsciente, ils l'ont vite décrochée et... 911, le suprise party était pogné dans le rang, comme au printemps dernier... Pas chanceuse, la fille ? Rien. Aucune séquelle. Qu'un coma artificiel provoqué par les urgentologues à son arrivée, étape normale du processus dans de tels cas, a-t-on expliqué à sa co-loc ma voisine. En ce moment même, ils la transportent ici à Maisonneuve. Les anges-gardiens, ça n'existe pas. On les verrait sinon.

J'en conclue qu'elle n'a pas passé un très bel été.

Carcajou, lui, a perdu sa soeur quelques semaines après la mort de notre ami. Sa mère, vaillante Beauceronne, l'a supportée pendant un an, jusqu'au dernier moment, tout le temps que le cancer a pris pour accomplir son oeuvre d'anéantissement. Forte comme les femmes du Québec savent parfois l'être, sans broncher, elle a continuer d'incarner le noyau familial, le feu d'amour iradiant auprès duquel tous se réchauffent, dans la vie comme à l'agonie. C'est ensuite que les choses se sont gâtées...

Elle a sauté sa coche et aujourd'hui, c'est Carcajou qui s'occupe d'elle nuit et jour, ne la laissant jamais seule au risque qu'elle dérape plus creux dans sa dépression post-partum, dans une folie devenue à la fois paranoïde et auto-destructrice.

Je le sais, car je viens de lui téléphoner. Je voulais lui apprendre "l'incident" de l'ex-blonde de l'ex-rongeur... Mais quand j'ai saisi ce à travers quoi il passait déjà, entendu la fatigue qui écaillait sa voix, et parcourru tout le morbide qui tapissait déjà trop de mois de cette foutue 2007 (annuus horribilissimus), je m'en suis abstenu et ai ravalé la surprise qu'encore une fois, la vie, ce matin, s'amusait à me faire; et que je souhaitiais partager. Après tout, quand y'en a pour un, y'en a pour tous !

Pendant ce temps, avant-hier soir, j'ai assisté quelques minutes à un lancement... disons, Jet Set. Rien contre l'auteur; au contraire, m'est plutôt sympatique. Mais je ne connaissais personne, donc ne m'y suis attardé. D'autant plus que j'avais l'impression de revivre une fois de plus ce sentiment d'exclusion qui m'a toujours habité quand je suis en présence du type de personnes qui peuplait l'endroit. Sûres d'elles, remplies d'elles-mêmes, qui dégagent une sorte d'assurance bulldozer, impresionnante au point que la vie elle-même en semble ébranlée et, flagorneuse, soumets à chacun de leur pas ses dalles les mieux polies, coussinées de sphaignes moëlleuses pour l'agrément du pas des rois.

Je décide alors d'aller m'en couler une petite dernière sur Mont-Royal, au Boud. où Dji-Èffe m'accueillera avec un :

- Rebienvenue chez-vous... , mi-narquois, mi-sincère.

En m'y rendant, par la fenêtre d'un resto-bar, j'assiste un moment au french-party qui s'y déroule, voyeur. On roule de la langue à qui mieux mieux voisins-voisinnes voisinnes-voisinnes. Tout simplement. Banalement presque. Parce que c'est rendu "in" de faire ça depuis que Nelly Arcand en a glissé un mot dans la chair, à la grand-messe nationnale. Si c'était de se tirer les cheveux ou de se foutre un doigt dans le cul, ce serait tout aussi simple et naturel de suivre la vague, normal... Moi je dis qu'on devait se le sentir. C'est plus naturel, les chiens le font, d'ailleurs. Snif snif, sluuuurp, petit coup de lichette : "Ah, Marie-Ève !... Salut, comment ça va ?"

Je rigole; je ne juge pas vraiment. C'est sûrment plus l'fun comme soirée que de rater son suicide au fond d'un bois humide... C'est juste que je n'aime pas les moules, les modes, la parfaite adhésion de tous à un schème ou comportement quelconque. Je préfère poser des gestes quand ils émanent véritablement de moi, quitte à ce qu'ils contredisent mes principes ou ma morale parfois. Sinon, pour moi, c'est du moule. Moule corporate, moule artiste ou marginal avant-garde... Je n'aime que les moules frites.

Donc voilà, j'en ai encore, des choses à dire. Ça arrive. Des fois. Trop souvent même. Trop de choses. Parfois elles me brûlementy même à l'intérieur. C'est juste qu'elles sont pas tout le temps drôles et que j'aimais bien tenter de l'être sur ce blogue; je ne voudrais juste pas trop dérroger aux tons et propos habituels.

Par ailleurs, j'ignore pourquoi je nourris de pareilles hésitations... (Je dois être inquiet.) Après tout, la vie semble elle n'avoir aucun scrupule à mélanger les genres...

Bon matin.

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