Cher journal, deuxième expérience...

3 octobre.

Malgré le lamentable échec que fut ma première tentative de créer un jeunauteur branché, je n'en ai pas moins décidé, après mûre réflexion, de poursuivre ma téméraire entreprise et de procéder à une deuxième expérience... Ce, même si la colère gronde sur la Plateau et dans les villages alentour.

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20 octobre.

C'est Igor qui m'a mis sur la piste en me faisant remarquer au moyen de gestes épileptiques et des quelques sons inintelligibles qui lui tiennent de langage que nous avions peut-être choisi des visses un peu grosses pour le volume de la boîte crânienne. En effet c'était des 1 po 13/16 ème de diamètre... Ah ! ce brave Igor ! S'il n'était pas si grotesque avec sa bosse, ses dents jaunes et cette langue coupée dans une porte de carosse alors qu'il était bébé, je pourrais presque croire qu'une lueur d'intelligence crépite au fond de ses yeux quand il gesticule à mon endroit en émettant son charabia sonore entrecoupé de soupirs. Mais c'est scientifiquement impossible. Et je sais de quoi je cause; je suis très scientifique.

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25 octobre.

Grâce aux orages particulièrement violents de la soirée, j'ai enfin pu répéter l'expérience. Identique en tout point à la première, mais en utilisant des visses de diamètre plus modeste, dans l'espoir d'améliorer le comportement de la créature et qu'il puisse cette fois s'ouvrir aux subtilités du langage humain et aux codes qui régissent le comportement social. Jeunauteur devrait bientôt se réveiller. Je suis fiévreux d'anticipation, fébrile et euphorique...

On retrouvera le nom de Frankestein dans tous les grands livres de Science; et aussi sur plusieurs auto-fictions québécoises ! C'est Papa qui sera fier de moi; et moi, de ma créature.

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26 octobre.

Force m'est de constater que j'ai une fois de plus misérablement failli et que cette deuxième expérience s'est soldée par un douloureux échec... J'ai fait fouetter Igor à cet effet. (D'ailleurs il me faudra penser à régler le bourreau, pour le mois précédent et le mois courant. Diantre ! les dettes s'accumulent ! Pas évident, de nos jours, d'être un scientifique d'avant-garde.) Bref, dès qu'il a pris vie, cette nuit et que je l'ai déchaîné, il s'est aussitôt précipité vers la porte, l'a franchie, grognant, a dévalé la propriété aussi rapidement que le lui permettaient sa claudication et ses grosse bottes gothiques en s'enfonçant dans la nuit en direction des grilles du château...

J'ai eu beau courir et le chercher partout, puisque je ne pouvais l'appeler par son nom, la créature ne m'ayant pas laissé le temps de lui attribuer celui de "Jeunauteur", nous ne l'avons trouvé que ce matin, attablé à la taverne d'Edgar, la bibine du village où tous les malfrats du coin échouent. Igor a tout juste eu le temps de prendre un dagguerrotype, puis nous avons ramené, enchaînée, la créature hocquetante jusqu'au donjon. Elle y cuve toujours, d'ailleurs, derrière la porte renforcée et la serrure à double-tour... Je me demande qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire d'elle, justement ?...